Congo : La SNE a des difficultés de recouvrement de ses créances

Entre procédures amiables et judiciaires qui n'aboutissent quasiment pas, la Société nationale d’électricité (SNE) a des difficultés énormes aujourd’hui de recouvrement de ses créances dans des zones qu’elle estime difficile d’accès, a-t-on appris auprès d'une source proche de la direction générale de la société.

Il s’agit entre autres, des quartiers périphériques dans les grandes villes du pays, les zones de sinistres (le cas de la zone de Mpila, frappée par le drame du 4 mars 2012), mais aussi la gratuité accordée aux «plus grands » consommateurs exonérés des quittances du fait des fonctions qu’ils occupent au niveau des institutions de la République, nous a confié la même source.

Des pertes colossales qui se répercutent sur le rendement de la SNE et accentuent ses difficultés financières.

A cela, il faut aussi ajouter sans ambages, le fléau de la fraude qui ruine efficacement les finances de la société. De plus en plus, les fraudeurs se font plus inventifs sur toute l’étendue du territoire national et ont même créé des pages Facebook pour échanger les nouvelles techniques de fraude.

Les zones « à fort flux de fraudeurs » sont : Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie qui regroupent la moitié de la population congolaise estimée à 4 millions d’habitants.

Il y a enfin, la corruption des agents contrôleurs de la SNE qui constitue un véritable goulot d’étranglement pour la comptabilité de l’entreprise.

La SNE possède 1500 agents permanents contre 300 agents contractuels. La masse des effectifs occasionne des charges annuelles évaluées à près de 7 milliards de FCFA à la société. Elle a donc besoin de 650 millions de FCFA mensuellement pour payer ses agents alors qu’elle réalise des recettes estimées à 1 milliard de FCFA par mois. L’entreprise doit également payer l’énergie importée en RDC à hauteur de 450 millions de FCFA en moyenne par mois.

Souvent décriée pour la qualité de ses prestations, la SNE ne semble pas toujours capitaliser sur la mise à sa disposition de nouveaux barrages hydroélectriques ces dernières années, pour lesquels l’Etat congolais, malgré la crise financière, a injecté d’énormes sommes d’argent. Brazzaville et Pointe-Noire enregistrent des coupures électriques en permanence à cause du baisse de régime de production dans les deux centrales hydrauliques avec seulement 30 mégawatts sur les 74 installés pour Moukoukoulou, 58 mégawatts sur les 120 installés à Imboulou et 120 mégawatts pour les deux centrales à gaz de Pointe-Noire.

Edwige KISSINGER / Les Echos du Congo Brazzaville