Congo – Économie : Les discussions avec le FMI transformées en tribune de revendications

Depuis l'annonce de l'arrivée d'une délégation du FMI au Congo, de nombreux groupements politiques ou de la société civile ont acté des mémorandums à remettre à ladite délégation, objectant du fait que le gouvernement donnerait de tout temps des informations et des chiffres tronqués à l'institution de Breton Wood. Certaines organisations proposent la dissolution de la SNPC et des Grands travaux.

Des militants appelés à rallier le domicile du Ministre Charles Zacharie Bowao, un des ténors de la plate-forme IDC-FROCAD-J3M, la nouvelle a été véhiculée lundi dans Brazzaville et sur les réseaux sociaux.

D'aucuns ont parlé de Charles Zacharie Bowao, voire de tout le groupement politique, qu'il était « embastillé » à domicile, aux fins de l'empêcher de remettre son mémorandum sur la situation « réelle » de l'économie congolaise et les moyens de conjurer la crise, à la délégation du FMI.

Entre ragots des marchés, bus et bistrots, les congolais s'accordent à voir dans les discussions avec le Fonds monétaire international, une chance pour laquelle, outre le gouvernement, les autres acteurs politiques ou de la société civile doivent être entendus à défaut de participer aux discussions. Une démarche osée, quand on sait que les institutions de Breton Wood traitent avec les États.

Pourtant, ce n'est pas faute d'essayer. Les organisations de la société civile congolaise ont exigé, dans une lettre déposée le 3 septembre dans les bureaux du Fonds monétaire international (FMI) à Brazzaville, la dissolution de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) et des Grands travaux, avant de démarrer les négociations avec cette institution financière.

Les ONG ont estimé que ces deux entités ont favorisé l’alourdissement de la dette congolaise qui dépasse les 120% de son Produit intérieur brut (PIB). 

« Si le FMI a obtenu la dissolution de la Cotrade, une filiale de la SNPC, c’est qu’il peut aussi exiger et obtenir la dissolution de la SNPC et des grands travaux. Ces deux entités sont des structures qui sont gérées d’une manière opaque. La gestion du pétrole congolais par la SNPC, par exemple, reste totalement opaque. Cette entreprise depuis sa création est un levier essentiel de la corruption et de la dilapidation de la rente pétrolière», a expliqué le coordonnateur du mouvement citoyen Ras-le-Bol.

Pour le directeur exécutif de l’Observatoire congolais de droits de l’homme (OCDH), Trésor Nzila, un autre membre de la société civile, le FMI devrait associer, dans les négociations avec le gouvernement, les membres de la société civile.

« Il ne faut pas que ces négociations se passent simplement entre les politiques et le FMI. Tous les acteurs de la société doivent être associés. Car, le gouvernement congolais s’est révélé incapable de gérer les avantages obtenus par le précédent programme avec le FMI. Il faut aussi que le FMI joue la transparence en rendant public les termes négociés avec le gouvernement », a-t-il souligné.

Dans leur lettre au FMI, ces ONG considèrent que toute aide du FMI au Congo en l'état actuel des choses, pourrait être assimilée à « une prime de la mauvaise gouvernance ».

Les ONG ont souhaité que le FMI prenne des mesures au titre des conditions à la reprise des imminentes négociations du projet de programme d’ajustement structurel.

« Ces mesures pourraient être l’arrêt immédiat, sous contrôle de l’ONU, des hostilités dans le département du Pool, la libération sans condition des prisonniers politiques et de la société civile et l’initiation préalable, d’une conférence internationale sur le Congo impliquant toutes les sensibilités nationales sous l’égide de l’ONU », ont-elle déclaré.

Bertrand BOUKAKA