FILAB 2024 : Le médecin-écrivain Thierry-Paul Ifoundza satisfait de l’expérience « Ça a été un moment important pour moi » !

La deuxième édition du FILAB – L’Ivre du Livre (Festival International du Livre et des Arts assimilés du Bénin) s’est tenu du 10 au 12 octobre derniers à Cotonou, à la Bibliothèque Excellence de Godomey. Thierry-Paul Ifoundza, médecin-écrivain d’origine congolaise, a été l’un des invités de cet événement incontournable.

Impressions.

Les Échos du Congo-Brazzaville : Pourquoi le FILAB a-t-il été si important pour vous ?

Thierry-Paul Ifoundza : Certes toute rencontre avec les lecteurs est un moment narcissique pour tout écrivain ! Mais ce moment-là est si important pour nombre d’écrivains non-connus. Personnellement, le FILAB m'a permis de m'introduire dans le milieu littéraire africain et de tisser des liens avec d’autres écrivains d'expression française. Une véritable immersion dans la culture africaine en général et béninoise en particulier. Avec mes confrères africains, nous avons pu confronter nos points de vue sur les problématiques liées à la chaîne du livre en Afrique et de la contribution du livre dans l'économie culturelle en Afrique.

LECB : Vous étiez le seul Congolais à cet événement, alors qu’au Congo la production littéraire est foisonnante et jouit d’un engouement sans tâches ! Comment expliquez-vous ce contraste ?

TPI : C’est vrai que j’ai été quelque peu crispé de l’absence des Congolais. Et pourtant, le Congo-Brazzaville est plein d'hommes et de femmes de culture, d'écrivains et d'artistes de qualité. J'ai néanmoins découvert, en parcourant la liste des invités, les noms d’écrivains congolais qui devaient venir du Congo. Mais apparemment, ils ont eu des empêchements de dernière minute. Sans préjuger de rien, je pense que l’absence de nos compatriotes à cet événement de portée africaine est peut-être liée à la crise socio-économique que traverse notre pays. Le domaine de la culture n'étant pas épargné, puisque le Congolais est plus préoccupé aujourd'hui par son quotidien que par des problématiques de réflexion sociétale ou littéraire.

LECB : Quels ont été les moments qui vous ont le plus marqué lors de cette deuxième édition du FILAB-L’Ivre du Livre ?

TPI : Ces moments cruciaux sont nombreux. Premièrement, c'est la rencontre avec les autres confrères écrivains, ce qui nécessairement induit le partage d'expériences. Deuxièmement, la présence des écoliers et des étudiants, qui reflète la vision de cette édition et des organisateurs, c’est-à-dire inciter à la lecture et susciter des vocations. Le FILAB est donc tourné vers l'avenir. Troisièmement, la dédicace du roman « Fils de Prélat » d'Armand Claude ABANDA, sur fond d’interventions des griots et des conteuses ; les dédicaces de Gaston ZOSSOU, d'Adélaïde FASSINOU, des interventions des auteurs gabonais – le Gabon était le pays invité d'honneur. Quatrièmement, la dédicace de mes ouvrages et mes échanges avec le public sur mes écrits. Beaucoup m’ont posé des questions sur ma dernière publication, « Cher Burkina », un récit aux accents d’Essai.

LECB : Dans l'ensemble, comment jugez-vous la santé des lettres africaines ?

TPI : L'Afrique est un vieux continent avec ses traditions et ses rites ancestraux. Il ne fait aucun doute, d'après les travaux d'éminents savants comme Cheikh Anta DIOP, que l'Afrique est le berceau de l'humanité. Par conséquent, les écrivains et artistes africains doivent être les maîtres de leurs narratifs. Mieux encore, beaucoup désormais arrivent à publier des romans dans leurs langues nationales. La littérature africaine actuelle, qui est basée sur l'expression française, est certes liée à l'histoire ! Mais le retour aux langues africaines doit être encouragé, par le biais des concours, comme l'ont exprimé certains orateurs dont le président du FILAB2024, Ezin KOMI, lui-même auteur. Je dirai que la littérature africaine ne se porte pas mal au vu de l'engouement que j'ai ressenti au FILAB2024. Pour l’illustrer, il suffit de s’imprégner des noms africains susceptibles de remporter les Prix littéraires de l’automne en France

LECB : Votre roman, « Lumières de Saint-Avold », va bientôt paraître. On vous sent brûler d’impatience...

TPI : Effectivement j'attends avec impatience la parution de mon premier roman. « Lumières de Saint-Avold » marquera un tournant décisif dans mon cheminement littéraire. Il s'agit d'un autre type d'écriture avec ses règles qui lui sont propres. Je ne sais pas comment il sera accueilli par les lecteurs avides de lecture ! Quoi qu’il en soit, je suis sûr que les questionnements philosophiques, les histoires d'amour ou les anecdotes qui parcourent mon roman, trouveront grâces à leurs yeux.

Propos recueillis par la Rédaction/Les Échos du Congo-Brazzaville