Congo – Infrastructures sportives : Le rapport sur les malfaçons, à charge pour les Grands travaux

De nombreuses infrastructures sportives construites au Congo sont dans un état de délabrement qui met en doute la qualité du travail réalisé par les entreprises adjudicataires de ces marchés publics. Le rapport de la mission d’inspection initiée par le ministre Hugues Ngouélondélé est désormais sur son bureau. Les conclusions mettent en évidence un « laisser aller » manifeste de la part des Grands travaux. Mais, pourquoi ?

Le ministère des Grands travaux aurait-il fait montre de légèreté dans la construction et le contrôle de certaines réalisations sportives ? C'est à tout le moins ce qui ressort du rapport d'expertise qui permettra aux autorités de faire la lumière sur le travail réalisé par les entreprises qui ont eu en charge, entre autres, la construction des stades dans les grandes villes du pays.

Après avoir visité les infrastructures sportives, construites pour la plupart dans le cadre de la politique tournante de la municipalisation accélérée, à travers le territoire national, ou encore les 11èmes jeux africains, le ministre des Sports et de l’éducation physique, Hugues Ngouélondélé, avait fait un constat amer et s'interrogeait indigné:

« Comment allons-nous faire pour réparer les installations en état de délabrement très avancé alors qu’elles n’ont même pas encore totalisé cinq ans d’existence ? Il s’agit d’un défaut de construction. La réparation est urgente pour permettre aux Congolais de pratiquer le sport dans de bonnes conditions ». C'était le 8 janvier dernier, devant les représentants de la société Zhengwei, qui a construit le plus grand nombre de ces infrastructures.

Ces interrogations avaient conduit le gouvernement à déployer une mission d’inspection, qui est descendue sur le terrain avec les entreprises concernées ainsi que les représentants des Grands travaux et du ministère des Sports pour un état des lieux. 

Face à l'étendue du désastre, il va s'en dire, qu'il s'agisse des édifices ou des installations sportives à proprement parler, le résultat ne serait pas à la hauteur des investissements consentis, même si les différentes sociétés ou entreprises ont rendu compte de ce qu'en certains cas, les choses s'étaient faites en étroite corrélation avec les services des Grands travaux qui tant au niveau de l'adéquation qualité-prix, du contrôle, que de la certification ou la réception des ouvrages, avaient marqué leur satisfecit.

Même si personne ne parle encore d'audit, cette initiative du ministre des Sports est tout de même un gros pavé dans la marre de son collègue des Grands travaux où des nombreuses réalisations sont sujettes à caution, tant leur qualité ne reflète toujours pas la hauteur des investissements consentis par l'État.

Au parlement où certains députés suivent de très près cette affaire, d'aucuns parlent déjà d'interpellation des différents protagonistes, à défaut d'une enquête parlementaire.

Face à la tournure hautement politique que semble prendre le dossier certains acteurs de l'expertise préfèrent déjà garder leurs distances : « Le travail de cette inspection est visible au niveau du gouvernement. Je pense qu’il faut des expertises plus approfondies des architectes et ingénieurs congolais qui ont  de l’expérience pour ce genre de travail », a précisé le président de l’Ordre des architectes du Congo, Antoine-Béli Bokolojoué, dont l’institution avait été associée dans cette démarche.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville