Non, faire la sieste n’est pas forcément bon pour la santé des adultes !

« La plus belle heure de la vie, c'est l'heure de la sieste », disait Grégoire Lacroix. Les adeptes de la sieste vont pouvoir mettre fin au débat : faut-il s’assoupir plus ou moins de 30 minutes pour être en forme et se remettre en selle pour le reste de la journée? Une étude américaine pointe les effets délétères des pauses trop longues sur notre santé.

Elle est synonyme de paresse dans certains pays et une véritable institution dans d’autres. La sieste a déjà prouvé ses vertus pour augmenter la concentration, la productivité ou encore les capacités d’apprentissage. Autant d’atouts qui ont poussé certaines start-ups à aménager des espaces dédiés au repos au sein de leurs locaux. Pourtant, une étude américaine vient aujourd’hui remettre en cause les bienfaits de la pause dodo.

Dans la revue scientifique Obesity, des chercheurs du Brigham and Women’s Hospital de Boston publient les résultats d’une enquête menée auprès de 3275 adultes de la région de Murcie, en Espagne, pays où la sieste est une habitude culturelle. Leurs observations suggèrent que les roupillons supérieurs à 30 minutes auraient un effet délétère sur la santé provoquant un risque plus élevé d'obésité, d'hypertension artérielle, et de syndrome métabolique.

Des siestes longues liées à une mauvaise santé et à des habitudes nocives

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont recueilli les caractéristiques métaboliques des participants et les ont croisés avec leurs habitudes de sommeil diurnes. Les sujets ont été ensuite répartis en trois groupes : ceux qui s'offrent des siestes « royales » au-delà d’une demi-heure quotidienne, les adeptes de la micro-sieste et ceux qui ne ferment pas l’œil de la journée.

À travers ce découpage, les scientifiques ont noté une propension au surpoids, à l’obésité, à une tension artérielle élevée et au diabète de type 2 dans le groupe habitué à piquer un somme pendant plus de 30 minutes par jour.

En outre, les savants américains ont relevé des valeurs plus élevées, dans le tour de taille, la glycémie à jeun ou encore la pression artérielle chez les adeptes de siestes longues que dans le groupe qui ne dort pas du tout en journée.

À ces signes cliniques s’ajoutent des habitudes dommageables comme des couchers tardifs, des heures repas décalées, des apports alimentaires plus importants au déjeuner et du tabagisme. Autant de facteurs favorisant les symptômes précédemment cités.

Quelle durée idéale pour une sieste ?

Forte de ces observations, la professeure Marta Garaulet, auteure principale de l'étude explique que « toutes les siestes ne sont pas identiques. La durée, la position, et d'autres facteurs spécifiques peuvent affecter les effets d'une sieste sur la santé ». Si on résume, faire la sieste serait donc un art. Pour en tirer tous ses bienfaits, la scientifique préconise de s’assoupir entre 15 et 20 minutes par jour et de ne pas s’y mettre après 15h. À ce titre, les différents marqueurs analysés (tension artérielle, surpoids…) étaient moins élevés chez les participants pratiquant les fameuses « power nap », des siestes réparatrices courtes juste après le repas.

« Si de futures études confirment les avantages des siestes courtes, je pense que cela pourrait être le moteur de la découverte des durées optimales de la sieste et d'un changement culturel dans la reconnaissance des effets à long terme sur la santé et des augmentations de productivité qui peuvent résulter de ce mode de vie », prédit le professeur Frank Scheer, co-auteur de l'étude.

Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville