Pourquoi tant d'accidents sur les routes congolaises ?

Au Congo, la route fait peur. Inimaginables, ces accidents sur les routes congolaises, ces derniers temps. Certains graves, dans bien de cas, avec morts d'hommes. Ou moins graves. D’autres mineurs. Avec le recul, on réalise que le réseau routier congolais n’a profondément pas changé, comparé à celui d’hier, sous l’occupation française, en matière de sécurité de la circulation. Il est aussi périlleux que sous l’ère coloniale.

Les sinistres se succèdent à un rythme inquiétant. Et l’on s’interroge si le Ministère des Transports et, par extension, l'ensemble des services publics, en charge de la règlementation et de la sécurité routières jouent pleinement leur rôle.

Il ressort nettement de ces accidents que de nombreux facteurs y contribuent, de près ou de loin. Sans hiérarchiser les risques desdits facteurs, on relève d’abord l’état des chaussées qui se dégradent, sur certains tronçons. Viennent ensuite le volume de la circulation, né du net accroissement de l’activité des transports et l’ouverture, ces dernières années, de nouvelles routes qui relient les départements du pays. Enfin, une vitesse de circulation inadaptée à laquelle s'ajoutent l’environnement routier et la météorologie du climat équatorial.

Au-dessus de toutes ces causes, la soi-disant expérience des conducteurs de véhicules, ainsi que leurs comportements et leur état physique.

Pourtant, la plupart des accidents sur le réseau routier congolais sont classables dans la catégorie des sinistres évitables. Ce qui épargnerait les dégâts humains et matériels.

Les Congolais, au volant de véhicules, quel que soit leur statut social, surtout sur les routes de campagne, sont connus pour être susceptibles de prendre des risques. Ils sont en quête de sensations fortes, en roulant, très vite.

La consommation d’alcool aidant, des fois. Il existe des cas de chauffeurs qui se comparent à d’autres pour battre des records de vitesse. S’estimant plus performants. Une croyance individuelle, bien répandue, en milieu de conducteurs, fait que des automobilistes se considèrent comme moins exposés aux risques d’accident qu’autrui.

Certains se prennent pour des invulnérables, car disent-ils, couverts par un véhicule solide et doté de moyens efficaces de freinage et de protection.

D’autres chauffeurs jurent, par tous les dieux, qu’ils sont compétents, prudents, pouvant conduire sans le moindre danger. Ils se disent en mesure d’éviter tout péril, quelle qu’en soit la circonstance ou la nature.

Une assurance de soi, à la limite béate, plus ou moins intense, selon les automobilistes, leur histoire personnelle et leur vécu de conducteur.

Malgré la cascade des accidents sur les routes congolaises, très peu de conducteurs en tirent les leçons. Et la série noire continue.

Ces derniers temps, sur les parcours que réalise La Société Océan Du Nord, des accidents mortels ont été signalés. N'en est pas à son premier sinistre Océan du Nord, basée à Mikalou, avenue de la Tsiémé à Brazzaville. Une société qui s'attire une nombreuse clientèle en raison de ses tarifs de promotion sur l'ensemble de son réseau.

Et pourtant, que de voix se sont déjà élevées contre les dégâts causés par cette compagnie. Et pas une seule fois, en acte éducatif, Océan Du Nord ne s'est vue retirer sa licence d'exploitation, même pour une durée limitée. Histoire d'avertir les conducteurs pour qu'ils se réadaptent au mieux.

La lutte contre l’insécurité routière devrait être une des priorités du Gouvernement congolais. Le renforcement des sanctions, le développement d'une politique d’éducation et de prévention du risque routier au bénéfice de l’ensemble des usagers de la route pourraient en être une piste. Ce à quoi s’adjoindraient l’application rigoureuse des règles de conduite, une amélioration technique des véhicules, celle des infrastructures routières et le changement positif des comportements des conducteurs de véhicules.

Éduquer les conducteurs à la prudence pour développer en eux, la valeur prudence. Les automobilistes devant passer d’une logique de conduite à celle de se conduire correctement sur la route.

La route cause des morts. Les Congolais en savent quelque chose. Les cimetières du Congo sont garnis de ces milliers de passagers, innocents, poussés à la mort par des conducteurs irresponsables d'engins.

"La vie est un bien qui ne se reprend pas. Aucun homme ne peut la faire revenir, dès qu'en s'exhalant elle a franchi les lèvres"  disait Homère.

Nous voudrions d'un Congo fort. D'un Congo avec un Etat juste, aux Institutions solides. Un Etat qui protège ses Citoyens.

Ouabari Mariotti / Les Echos du Congo-Brazzaville