Congo – Violence urbaines : L’agression d’une camerawoman réaffirme la dangereuse omniprésence des ‘’bébés noirs’’

Une camerawoman de la chaîne ‘’Vox Tv’’ a été sauvagement agressée au couteau par des bandits dits bébés noirs, au quartier Massengo. Elle s’en est sortie presque miraculeusement. De nombreux citoyens crient leur colère, sur l’inertie de la Force publique, face à ce phénomène qui emporte des vies humaines.

Les blessures qu’elle porte sur le corps en disent long sur les intentions qu’animaient ses agresseurs. Chanice Ebaka est quasiment une miraculée qui a échappé à la mort.

Mardi 21 juillet, il est à peine 21 heures, quand Chanice, opératrice de prise de vues à Vox Tv, rentre par bus à son domicile situé au quartier Massengo, dans la zone dite Jean Bosco. Alors qu’elle descend du bus, même si la nuit est tombée, elle est loin de se douter que des bandits l’attendent là, dans la pénombre, au détour d’une ruelle.

Entre l’effet de surprise et la fulgurance de l’attaque éclair au couteau qu'elle subit, Chanice Ebaka est livrée sans défense à la merci de ses agresseurs qui n’hésitent pas à l’entailler, afin de lui faire lâcher prise ce sac qu’elle tient et qui surtout, contient ses documents d’état-civil.

L’acharnement de ses agresseurs et pire, ce couteau qui s’enfonce dans sa chair, la persuade à choisir entre ‘’ sa bourse, et sa vie’’. Ses cris de femme blessée, sont presque des râles d’agonie qui hélas ne font accourir personne à son secours. C’est plutôt, muni de ce qu’ils pensent être leur butin, que les malfrats ‘’dégagent la zone’’. Heureusement pour la victime, les coups de couteau assénés au jugé dans le noir, n’ont pas touché d’organes vitaux.

Les premiers témoins qui arrivent à pas feutrés sur la scène de l’agression, crient au miracle. Elle est en vie. L’infortunée s’en sort tout de même avec plusieurs points de sutures qui laisseront des marques sur sa plastique.

Cette agression, la énième d’une situation devenue récurrente, montre s’il en est besoin, l’incapacité de la Force publique à endiguer un fléau dont les différents acteurs sont presque connus, car multirécidivistes, alors que leur mode opératoire et surtout leur localisation géographique obéissent à des écuries dont ils se réclament. Ces renseignements dont disposent les services de police, seraient d’un précieux apport, pour endiguer un fléau qui si l’on y prend garde, affectera dangereusement la libre circulation des personnes dans le périmètre urbain des villes congolaises.

Normal dans ces conditions, que les populations trouvent des complicités entre la Force publique, la Justice et ces bandits de grand chemin qui opèrent, faute de n’être inquiétés par les différents organes de la loi.

Un chef de quartier de Massengo va même plus loin, dans son accusation : « On voit des policiers, dans les véhicules de patrouille, courir après des personnes qui ne portent pas de masques dans le but de les racketter, alors que leur mission est ailleurs. Les repères de ces bandits sont connus et on agit comme si la sécurité des populations n’était pas une priorité. Nous avons tous les corps de métiers dans les quartiers. Imaginez que face à ces agressions récurrentes qui touchent leurs parents et leurs proches, les gens s’organisent en milice d’autodéfense et se fassent justice. Seront-ils sous le coup de la loi, une loi que les services de l’état ne peuvent plus leur garantir ? Le risque c’est que l’on sombre dans l’anarchie. La Force publique doit se ressaisir et régler ce problème de ‘’bébés noirs’’, qui fait tache dans notre société. »

En janvier 2018, Dany Daniel Mboungou Mayengué, ancien présentateur du journal en Anglais sur Radio et Télé Congo, a été braqué par les "bébés noirs" qui sèment la désolation dans la capitale congolaise. Il s'en est sorti avec un traumatisme au crâne, quelques points de sutures sur la tête ainsi que de multiples contusions. Des blessures occasionnées par des attaques à la bouteille dont il a été la cible de la part des "bébés noirs".

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville