Congo : Jean Michel Bokamba Yangouma est mort à l’âge de 80 ans à Brazzaville

Le Congo-Brazzaville vient de perdre un grand homme politique et un syndicaliste chevronné. Jean Michel Bokamba Yangouma, est décédé le 23 juin 2020 à Brazzaville, à l’âge de 80 ans, des suites de maladie. Il a été inhumé dans la matinée de ce mercredi au cimetière du centre-ville de la capitale congolaise, conformément au protocole sanitaire.

Natif du district de Mossaka, dans le département de la Cuvette, l’ancien secrétaire général de la Confédération syndicale congolaise (CSC), le plus vieux syndicat du pays, n’était pas en bonne santé depuis quelques semaines, selon les membres de son parti qui n’ont pas pu le rencontrer, malgré les multiples visites ces derniers jours. Finalement, il a d’abord été admis dans une clinique privée de la place avant d’être transféré en urgence au CHU, lorsque le diagnostic de la covid-19 a été posé.

Il y a quelques années, Jean Michel Bokamba-Yangouma avait déjà été victime d’un Accident vasculaire cérébral (AVC). Il était en instance de départ pour le contrôle auprès de son médecin en France. Ses proches espéraient ainsi l’intervention des autorités pour lui affréter un avion médicalisé, après avoir obtenu toutes les autorisations nécessaires, car les frontières internationales restent fermées. Mais sa santé s’est très rapidement dégringolée le week-end dernier.

Bokamba-Yangouma est connu comme grand syndicaliste au Congo. Entre 1974 et 1991, il a milité pour les intérêts des travailleurs au sein de la CSC, le mouvement syndical adossé à l’ex-parti unique, le PCT dont il également membre du bureau politique. Selon plusieurs observateurs de la vie politique du Congo, Jean Michel Bokamba-Yangouma est l’un des pères de la conférence nationale souveraine qui a mis fin au centralisme monopartite des années rouges du Marxisme appliqué au Congo depuis les années 1970.

Entre 1989 et début 1991, la CSC a été à l’origine d’une cascade de grèves dans la plupart des secteurs de l’économie nationale. Le pays a été paralysé. Sur la table de négociations avec le gouvernement, Jean Michel Bokamba-Yangouma avait certes placé les intérêts matériels des travailleurs, mais en premier lieu, il réclamait la tenue d’une conférence nationale.

Bakamba-Yangouma crée ensuite son propre parti, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) avant d’être élu, lors des élections générales de 1992, député de Mossaka dans la Cuvette. Allié du président Pascal Lissouba, il a ensuite été élu vice-président de l’Assemblée nationale dans ces temps chauds de la démocratie. Après la guerre de 1997, l’ancien syndicaliste qui avait fui la capitale est revenu sous la peau d’un pasteur. Il crée alors en 2004 le Mouvement général des chrétiens du Congo (MGCC).

Son parti ne se conformait pas avec certaines dispositions de la Constitution du 20 janvier 2002 et ne remplissait pas les critères de la loi sur les partis politiques. Il y avait en effet un mélange de politique et de religion. Il fallait, comme il l’avait été demandé au pasteur Ntumi dans le Pool, choisir entre l’Eglise et la politique. Jean Michel Bokamba-Yangouma transforme alors son parti en Mouvement général pour construction du Congo (toujours le MGCC), et s’affiche aux côtés du président Denis Sassou N’Guesso comme allié pendant la présidentielle de 2009.

Jusqu'à sa mort, le vieux syndicaliste n’a plus occupé de hautes fonctions, malgré son rapprochement au chef de l’Etat.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville