Covid-19 – Débat sur la chloroquine : Depuis des siècles les africains ont-ils été délibérément empoisonnés ?

De nombreux africains se sentent désabusés avec la polémique née de la ‘’dangerosité de l’utilisation de la chloroquine’’, ainsi que de son dérivé, l’hydroxychloroquine. Le sentiment est presque à la révolte, surtout pour ceux d’un grand âge, eux qui en ont presque été gavés à tout va, tant de façon préventive que curative, au long des ans, à travers la nivaquine. L’action durait depuis des siècles.

Sous toutes ses présentations, la chloroquine est entrée dans les mœurs des africains, bien avant et au lendemain des indépendances avec des « campagnes de nivaquinisation » menées sous l’égide de l’OMS dans les villes et villages et de l’UNICEF, dans les écoles.

Au Congo, le processus de nivaquinisation a eu cours jusqu’au début des années 80, avant que les promotions de la moustiquaire puis de la moustiquaire imprégnée d’insecticide ne prennent le relais et ne mettent sous éteignoir la chloroquine, remplacée par d’autres molécules, non pour sa dangerosité aujourd’hui évoquée, mais pour la résistance du plasmodium, microbe du paludisme, à cette molécule devenue sans effets curatif ou préventif.

Même si le champ de nos connaissances s’élargit sans cesse, et que des faits anciens s’éclairent parfois de lumières nouvelles qui en modifient l’aspect, les africains doivent-ils dorénavant admettre qu’ils ont été volontairement empoisonnés au long des ans, par ceux qui fabriquaient le médicament et disposaient des laboratoires de contrôles, pendant qu’eux étaient des passifs consommateurs, faisant confiance à l’européen dont la mission dite civilisatrice, se doublait de la mission humanitaire ? Autrement, pourquoi la chloroquine administrée presque sans contre-indication aux africains, - sauf pour les femmes en grossesse de moins de 12 semaines - pourquoi donc cette chloroquine serait-elle dangereuse pour les occidentaux, au point d’ouvrir quasiment une guerre de tranchés entre les différents chercheurs, appuyés par les laboratoires associés.

À propos de cette molécule, il est désormais évoqué que la chloroquine, comme l’hydroxychloroquine, n’ont jamais été prise à la légère par les médecins et les chercheurs. Le composé fait l’objet d’une forte pharmacovigilance. Il est connu pour ses effets secondaires dangereux, à différentes échelles de gravité. On relève de l’hypoglycémie chez les personnes diabétiques et des problèmes sanguins comme de l’anémie. L’administration du composé peut aussi aggraver les risques d’épilepsie et de problèmes neurologiques, ainsi que provoquer une dégénérescence visuelle.

D’autre part, les effets d’arythmie cardiaque provoqués par la prise de chloroquine ne seraient-ils découverts que de nos jours, avec le Covid-19 ?

À moins que les enjeux financiers ne soient au dessus de la santé des malades, comment donc justifier qu’en dépit de sa dangerosité reconnue, la chloroquine fut alors systématiquement administrée aux africains, au point même d’en vulgariser la vente, jusque dans les boutiques de quartiers, avant que n’intervienne la réglementation sur la vente des médicaments.

La recherche d’un médicament contre le covid-19 a montré à la face du monde, que même quand ils luttent tous pour la même cause, les scientifiques ne parlent toujours pas le même langage. Une évidence s’est au moins dégagée en filigrane : chacun prêche pour sa chapelle, celle de la provenance de l’argent des crédits de recherche, représentée par les laboratoires pharmaceutiques.

Alors, bien naïf, celui qui croit qu’entre l’argent et les raisons sanitaires, le choix est fait en toute innocence.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville