Mayoko : Les femmes du village Lehala devront pêcher pour subvenir à leurs besoins vitaux

C’est dans la joie et la gaieté que les femmes ou mères de familles de cette petite bourgade située à un jet de pierre de la ville de Mayoko dans le Niari (sud), se donnent rendez-vous tous les jours à la rivière Lehala. Pour elles, pêcher les « Bawetchi », un poisson d’eau douce très prisé dans la contrée, est devenu un art, une passion, au point où elles mènent cette activité tous les jours et parfois jusqu'au soir. Elles fournissent en alimentation de la population depuis la nuit des temps. Cette recherche du poisson a fasciné. Aujourd’hui, les femmes dépensent toutes leurs énergies pour assurer la survie du groupe familial.

La recherche du poisson nécessite une organisation, notamment la nasse, un piège destiné à être immergé, pour capturer le plus souvent des poissons d’eau douce.

Les personnes vivant directement de la pêche au village Lehala se considèrent elles-mêmes comme des "laissés pour compte". En effet, les pêcheurs se plaignent pensant que l'Etat se désintéresse d'eux et les femmes encore d'avantage.

Les conditions de vie des familles de pêcheurs sont très précaires. La nature aléatoire de la pêche en tant qu'activité économique en fait une profession pleine d'incertitude. Les familles vivent au jour le jour.

Il faut signaler pour 9 sur 10 d'entre elles, le conjoint est chômeur, elles sont donc la seule source pour l'entretien de la famille.

Les prix record de l’alimentation, notamment des produits de première nécessité (savon, sel, huile, sucre…), incitent les femmes de Lehala à pêcher davantage.

Le paquet des poissons d’eau douce, communément appelés « Bawetchi » en langue Nzebi est vendu à 200 FCFA. Dans les années 80 le paquet était vendu à 100 FCFA par des femmes qui perpétuent cette tradition culinaire au village Lehala.

Comment ça marche cette histoire-là ?

Les nasses sont utilisées dans des eaux peu agitées et peu profondes, par exemple sur les berges inondées de la rivière Lehala. On pose une pierre dessus pour le lester. Il faut également attacher une petite ficelle à un arbre, des fois qu'un gros poisson prisonnier décide de partir avec le panier... on a du mal à l'imaginer, mais il parait que ça arrive !

Elles sont déposées le matin. Les pièges sont ensuite relevés toutes les heures. Les pièges capturent en moyenne 1 kg de poissons.

En ce moment, les femmes pêchent en permanence car ils profitent d'avoir un peu de temps libre. La rivière Lehala regorge de poissons à cette saison et les prises sont faciles.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville