Brazzaville : Les personnes décédées du coronavirus sont-elles dépouillées de toute dignité?

Des images authentiques montrant la prise en charge par les services funéraires de la ville de Brazzaville, de la dépouille mortelle du défunt Mvoulalea, sont pour le moins révoltantes, face au manque de considération dont font montre les agents chargés de la mise en bière. Une attitude condamnable qui masque l'impréparation du gouvernement congolais à affronter le Covid 19 et ses affres.

Un cadavre traîné, ballotté puis renversé sans ménagement dans un cercueil, ce sous les yeux ébahis des parents, c'est l'exécrable souvenir qui restera de celui qui était encore il y'a peu, un haut cadre de la République, au Ministère du Commerce.

Il est vrai que face à la mort, tous les hommes sont égaux. Mais, le traitement dont a bénéficié cet homme, fut-il décédé du coronavirus et donc manipulable avec une extrême précaution, montre que de nombreuses incertitudes entourent le plan Covid 19 du gouvernement, parce que la prise en charge des personnes décédées de la pandémie fait partie dudit plan car même dans les projections les plus optimistes dans la prise en charge des malades, les cas de décès ne sont pas à écarter.

Dans le cas d'espèce un personnel spécifique, équipé et instruit au protocole à respecter devrait être mis en place. Ce qui ne semble pas être le cas, au point de se demander si le gouvernement en fait autant qu’il communique.

Les congolais comptent à peine quelques cas, que c'est déjà la désorganisation totale.

Suite au premier décès du Covid 19, le personnel soignant a détalé du CHU, comme des soldats désertant le front, face à l'assaut dévastateur de l'ennemi.

Si donc ceux qui devraient être en première ligne jettent les armes, qu'adviendra-t-il lorsque l'ennemi Covid 19 attaquera sur divers fronts ?

Ce décès, ainsi que les plaintes qui montent d'un personnel soignant qui répète que placer des lits dans quelques salles ne suffit pas,  pour faire face à une épidémie atypique, montrent qu'il y a encore des choses à faire et à revoir.

Le pays est en guerre a dit le président. Pour gagner la guerre, il faut des hommes et des moyens. Où sont donc passés ceux annoncés par le président. Traineraient-ils encore dans les méandres des nombreuses commissions mises en place pour gérer la pandémie, des commissions où scientifiques et personnels de santé se sont contentés de la portion congrue au profit des politiques ?

Il est encore temps de se ressaisir, d'impliquer et responsabiliser pour une fois au moins les sachants à qui on donnera les moyens de la mission qui leur est confiée. Que ces sachants communiquent avec le peuple car la parole d'un médecin est plus rassurante que celle d'un politique, quelle que soit sa verve oratoire.

Cette ''communication de guerre '' devrait donc être laissée à ceux qui sont en première ligne et sociologiquement, ont toujours bénéficié de la confiance de ceux qui de tout temps sont leurs patients.

Quant aux politiques et notamment le gouvernement qui constitue l'état-major chargé de superviser les opérations et de conduire le peuple à la victoire, il ne doit pas perdre de vue le sacro-saint principe : un homme, une mission, des moyens.

Pour le reste, puissent ceux qui croient en Dieu, se mettre en prière car le combat est rude et il a besoin du soutien multiforme de tous.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville