Congo – Affirmation identitaire : La mariée refuse d’être maquillée pour ses noces

Sa peau d’ébène traduisait l’éclat d’une beauté exquise, pourtant, ce qui suscitait la curiosité sur la mariée, c’est qu’elle n’était pas maquillée, à l’inverse de toutes celles qui à l’occasion, au moment de convoler en justes noces, passent une bonne partie de la matinée chez l’esthéticienne.

La mariée n’en était pas moins belle, pourtant en elle, rien ne marquait cet apport dont s’enduisent à l’occasion, nombre de femmes, pour semble t-il, sublimer la beauté. Elle par contre, avait choisi d’être naturelle, sans aucun ‘’additif’’ de quelque nature que ce soit, sur sa peau. Une décision saluée par les uns, dénoncée par les autres. 

Même si « les goûts et les couleurs ne se discutent pas », la décision prise par cette mariée, de ne pas être maquillée, d’aucune façon que ce soit, a créé le buzz, tant les avis divergent, quant à la compréhension d’une attitude qui traduit pourtant l’affirmation de la personnalité d’une jeune dame qui a bien sa tête sur ses épaules et qui ne s’entoure pas de préjugés sur son attrait physique.

« Je m’aime, telle que je suis. Mon mari m’a aimé comme telle. Tout autre apport supposé embellissant sur moi, serait pure tromperie, allant jusqu'à bousculer dans notre subconscient, les codes qui ont marqué l’attrait physique que nous avons l’un pour l’autre. Comment me sentirai-je en regardant la photo de ce qui est l’un des plus beaux moments de ma vie, avec sur le cliché, une autre moi, qui n’est vraiment pas moi, parce que travestie par la touche maquilleuse d’une esthéticienne. En regardant ainsi l’autre moi, j’aurai de tout temps, l’impression d’être prise en flagrant délit de mensonge pour cette plastique artificielle. Ma décision a été motivée, comme toujours d’ailleurs par ce désir d’être moi-même et de m’aimer comme telle. » a tranché la mariée qui ne comprend pas pourquoi son choix continu de déranger.

Si la raison est tout aussi claire, c’est son caractère philosophique qui embarrasse nombre de femmes qui pensent que la dame est « passée à coté d’une occasion unique de se mettre en valeur, en se faisant bien belle ».

Voila, qui vient alimenter le débat, sur la notion même de la beauté, ainsi que le culte du beau.

Peut-on parler de beauté, lorsque les éléments qui la fondent sont tout aussi factices, presque virtuels ?

Est-ce se dire belle, lorsque le teint tient en fait à une couche de fond moulée sur le corps ?

Quand la poitrine tient à du silicone ou à un soutien-gorge rembourré d’éponge ?

Quand les cils et les ongles sont allongés par de faux ?

Même les fesses qui traduisent un déhanché sensuel sont souvent lestées d’une masse de rebondissement leur donnant un aspect vrai qu’elles n’ont pas. Ce qui fait dire à certains hommes qu’il « y a tromperie sur la marchandise », même s’ils sont loin d’assimiler la femme à une marchandise.

Ainsi qu’on le voit, cette ''tromperie manifeste'' qui codifie la beauté, entrée dans les us est devenue la règle et s’y soustraire est une exception qui bouscule de façon incompréhensible les habitudes. Pourtant…

Pour faire un parallèle avec l’agriculture, des hommes ont affirmé qu’en ayant une femme avec une beauté aussi naturelle, le marié consommait un produit ‘’bio’’, là ou d’autres se contentent presque contraints et forcés, de ''consommer des OGM’’.

« Elle a de la personnalité, même pas de ‘’line’’ (vernis) sur ses ongles », ont souligné admiratives, des femmes d’âge mûr, tandis que quelques jeunes filles visiblement blessées par le déni de ce qui fait leur superbe, voient en l’acte, un ''sacrifice'' imposé par un marabout. Jusqu’où l’obscurantisme ne mènerait-il pas ?

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville