Des techniciens chinois, dépêchés dans la capitale congolaise depuis jeudi dernier, ont rendu public, le 20 janvier 2020, le premier rapport provisoire d’analyses. Celui-ci a épinglé la crue sur le fleuve Congo comme étant la cause majeure de l’effondrement précipité d’une partie de la corniche qui surplombe le fleuve Congo dans le centre-ville de Brazzaville et non les maraichers.
Une partie de la corniche qui surplombe le fleuve Congo dans le centre-ville de Brazzaville s'est effondrée dans la matinée du jeudi 9 janvier après des pluies diluviennes la veille. Construite en janvier 2016, elle avait été présentée comme l'un des joyaux de la capitale. Devant les nombreuses images de la corniche défoncée, des Congolais remettent en cause la qualité de l'infrastructure. Certains ont même accusé les maraichers qui cultivent les légumes à proximité de la route.
Suite à cette catastrophe qui avait mis la ville en émoi, le gouvernement avait requis l’expertise chinoise, afin de déterminer les vraies causes ayant entrainé l’effondrement précoce de cette voie.
Les analyses effectuées par ces huit ingénieurs, techniciens de la société China Raod Bridge corporation (CRBC), ont révélé que la forte pluviométrie, que connait le pays actuellement, a augmenté significativement la crue sur le fleuve Congo au point d’arriver à un niveau jamais atteint.
Les résultats de cette enquête font état de ce que le trottoir et le mur de soutènement ont glissé, et se sont effondrés sur une longueur de 180 mètres, avec 4 mètres de hauteur de décalage, du fait des changements climatiques.
« Le glissement de terrain au niveau des berges du fleuve, l’effondrement du mur de soutènement et de la plateforme de la chaussée, ont été causés par l’augmentation des pluies et la montée des eaux sur le fleuve Congo. Parce que la crue a dépassé le niveau d’eau décennal et provoqué l’écroulement des murs de soutènement », a expliqué le chef de la mission chinoise, Chi Quambao.
Une hypothèse soutenue par le coordonnateur technique des Grands travaux, qui a supervisé la restitution provisoire des résultats de l’enquête.
« L’augmentation des eaux sur le fleuve a déstabilisé la structure du remblai et il y a eu glissement de terrain à deux niveaux. Le premier niveau s’est passé dans l’eau et n’a pas été suivi. Le deuxième, quant à lui, a entrainé l’effondrement de cette partie de la corniche », a précisé Oscar Otoka.
Ayant déterminé la cause qui a entrainé l’effondrement de la chaussée, la société CRBC a proposé quelques pistes de solutions provisoires.
Il s’agit notamment de pérenniser le contrôle de l’ouvrage ; de curer ses voiries afin d’éviter l’infiltration d’eau sous la chaussée déjà abimée et qui pourrait précipiter la dégradation générale de l’ouvrage. L’entreprise a aussi la charge de protéger la partie non endommagée par des sacs de sable, en attendant qu’une solution définitive et durable soit trouvée.
Les résultats provisoires de cette enquête seront remis au ministère de l’Aménagement, l’Equipement du territoire et des Grands travaux, en tant que maître d’ouvrage, pour validation, avant d’entamer les travaux de réhabilitation.
Inauguré à grand renfort médiatique en février 2016, juste avant la réélection à un troisième mandat du président Denis Sassou-N’Guesso, la corniche construite par l'entreprise chinoise China Road and Bridge Corporation (CRCB) était présentée comme une des réalisations contemporaines majeures de Brazzaville.
La route de la Corniche, longue de 2,5 km, a coûté 72 milliards de francs CFA.
Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville