Police – Bureau Central des Accidents de Brazzaville : La fourrière de non retour

Bureau Central des Accidents de Brazzaville, la fourrière où s’entassent les véhicules de tous genres, offre un spectacle indigne de ce quartier administratif qui se modernise, au point que l’environnement devrait aussi refléter le raffinement qui s’y dessine désormais.

Combien sont-ils, ces véhicules entassés sur le parc du Bureau Central des Accidents, jouxtant le Commissariat Central de Brazzaville. Assurément des centaines, même si le baobab et autres manguiers qui les couvrent de leur ombrage, en dissimulent l’étendue. Ils sont si nombreux que pour faire de la place afin d'en ranger d'autres, il a fallu les superposer, les uns sur les autres.

Véhicules accidentés, ou ayant été impliqués dans un accident grave et à l’évidence, saisis comme ‘’scellés de justice’’, véhicules placés en fourrière administrative, pour délits ou infractions graves du conducteur, quel qu’en soit le motif, ces véhicules qui sont arrivés en ces lieux en parfait état de rouler ou tractés, ne paient plus de mine désormais.

Certains d’entre eux sont carrément réduits à l’état d’épave, délestés de moteur et autres accessoires de valeur, sans que l’on ne sache, qui diantre, se servirait allègrement en pièces détachées, sur ces véhicules visiblement à la merci des ‘’tiers’’, dans ce quartier hautement sécurisé.

Outre le fait que les propriétaires ont renoncé à récupérer leur bien, soit parce que le montant de la contravention dépasse la valeur marchande du véhicule, ou que celui-ci est carrément irrécupérable, parce que dépouillé de ce qui fait l’essentiel vital d’un véhicule, ces automobiles sont désormais sources de pollution multiforme.

Livrés aux intempéries et notamment les eaux de pluie qui y stagnent, ces véhicules sont des gites de moustiques qui s’y reproduisent à foison, au point d’incommoder les agents des administrations des alentours. Le soir venu, le ballet des moustiques est si invivable que les éléments de la Garde républicaine en faction à la présidence de la république sont sérieusement incommodés et obligés, en désespoir de cause, de se laisser piquer, pour garantir la bonne tenue du service. Dieu seul sait, combien d'entre eux souffriraient de paludisme chronique au point que, sans en rire, la hiérarchie militaire se devrait même de le compter comme maladie professsionnelle.

Même si personne ne rendra des comptes sur la disparition de nombreux moteurs de voitures et autres accessoires, sans doute un trafic juteux de quelques policiers ‘’ripoux’’ accommodés aux antivaleurs, en complicité avec des mécaniciens et garagistes il est tout de même temps de trouver une solution pour ce qui est devenue une décharge sauvage de ferraille, en plein cœur du quartier administratif.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville