Congo : Quand le viol devient une arme de guerre dans le Pool

Alors que le calme est revenu dans le département du Pool, six mois après la signature d’un cessez-le-feu à Kinkala entre les autorités congolaises et les partisans du Pasteur Ntoumi, les langues commencent à se délier sur les violences subies. Des violences qui n’ont pas épargné les femmes. Il n’y a pas de chiffres disponibles, le sujet est encore tabou, mais de nombreux cas de viols sont rapportés, commis indifféremment par les deux parties, notamment des militaires consignés pour la traque de Ntoumi et les Ninjas Nsilulu.

Les violences sexuelles faites aux femmes et aux filles mineures, ne marquent pas l’actualité au Congo-Brazzaville. Pourtant, cette arme de guerre qualifiée de terrorisme sexuel a été utilisée dans le département du Pool (sud) surtout dans les zones de conflit.

Le soldat qui est incriminé se trouve en service commandé, c’est-à-dire obéissant à un ordre et à une idéologie sans laquelle toute guerre ou conquête ne se justifie. Quand les balles sifflent, quand l’ennemi rode aux environs, quand la tension règne, même l’animal ne laisse exprimer ses sens. Comment un soldat peut alors chercher à satisfaire un besoin physiologique s’il n’est au départ encadré, verbalisé, et mandaté pour accomplir son forfait.

On peut, en condamnant un criminel, appréhender le processus qui le conduit à son crime. Dans une situation de normalité, l’image d’une femme désirée peut hanter ses nuits et ses jours et de cette répétition conduire vers le viol. Ce qui est loin d’être le cas pendant la guerre. Le soldat armé viole une femme, une jeune fille, une vieille femme qu’il n’a jamais ni vues ni croisées avant. La femme qui se fait violer n’a jamais habité son esprit. Son acte est de prime à bord insensé, robotique, l’instant est habité par une peur dont l’arme cache le degré de son intensité.

Bien que le Congo dispose de très bons textes législatifs relatifs aux crimes sexuels, trop peu de criminels sont poursuivis. L’impunité fait partie des causes du silence des victimes. L’impunité qui a marqué toute la période de la terreur dans le Pool depuis avril 2016 avait découragé un grand nombre de victimes de viols de témoigner.

Malgré cette stigmatisation intarissable, les femmes violées du Pool n’ont de cesse d’étonner. Les atrocités qu’elles ont subies ne les ont pas abattues, bien au contraire. Ensemble, les victimes se soutiennent et continuent à avancer. Ces femmes sont un modèle pour un grand nombre de personnes. Leur force tant psychologique que physique impressionne. Elles essayent chaque jour de transformer leur peur en défi.

Le défi de combattre ces violences. Grâce à leur persévérance et à leur positivisme, elles espèrent un jour ne plus voir ces horreurs arriver dans le Pool.

Le département du Pool est devenu fréquentable, aujourd’hui,  la libre-circulation des personnes et des biens est garantie. Mais reste d'épineuses questions en suspens, notamment celle du désarmement des ex-combattants et surtout la levée du mandat d'arrêt qui frappe sur le révérend pasteur Ntoumi.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville