Congo : Au premier jour de son procès, le général Mokoko a décidé de se taire

Au premier jour de son procès, l’accusé Jean-Marie Michel Mokoko et ses avocats ont décidé de se taire. Ils estiment qu’en tant que dignitaire de la République, élevé à ce grade par décret en 2001, l’ex-candidat à la présidentielle du 20 mars 2016 est protégé par une immunité, un argument déjà rejeté à deux reprises par la Cour suprême.

Chemise blanche, pantalon bleu nuit, les traits tirés, mais fidèle à l’allure svelte qu’on lui connaît, Jean-Marie Michel Mokoko n’a pris la parole qu’à de très rares moments ce lundi, le plus souvent pour expliquer le pourquoi de son silence.

Jean-Marie Michel Mokoko, s’est vu notifier son acte d'accusation : « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, détention illégale d’armes et munitions de guerre et incitation au trouble à l’ordre public ».

« Si vous ne parlez pas, cela veut dire que vous acceptez toutes les charges retenues contre vous », avance le président de la Cour Christian Oba.

« C’est votre interprétation, ce n’est pas la mienne », se défend le Général à la retraite.

Cela s’apparente à un « outrage » reprend le juge.

Et Jean-Marie Michel Mokoko de demander si « cela sera un chef d’inculpation de plus », déclenchant des rires dans l’assistance.

S’agit-il d’un « aveu » s’interroge à son tour Gérard Devillers, avocat de l’Etat congolais. Il « pensait », dit-il, que l’accusé aurait « une part de vérité à défendre ».

Côté défense justement, comme annoncé, les avocats du général Mokoko ont assisté à l’audience, mais sans leurs dossiers et sont restés muets.

Ils dénoncent « une parodie de justice ».

Finalement, le juge décide que le détail des charges et les pièces du dossier seront tout de même examinés à partir de ce mardi.

Le procès n’est pas retransmis en direct à la télévision, contrairement à ce qu’avait espéré le général. En revanche, des extraits seront diffusés chaque jour à la télévision nationale congolaise après le journal du soir, et ce jusqu’à la fin du procès, indiquent des sources gouvernementales.

Interdite de salle d’audience lundi 7 mai au matin, la presse a finalement été autorisée à rentrer au procès du général Jean-Marie Michel Mokoko, à Brazzaville. L’interdit initial aurait constitué « un excès de zèle » des forces de sécurité présentes sur place, d’après les autorités.

Jack MAÏSSA / Les Echos du Congo Brazzaville