Il y a quelques années, les congolaises commerçantes à l'international reliaient les capitales africaines : Cotonou, Abidjan, Lomé ou Lagos. Désormais, les pays de l'Asie séduisent davantage et offrent de réelles possibilités d'évolution commerciale. Dubaï est une destination qui fait recette. Et des femmes de toutes conditions s'y lancent.
Dans l'avion qui la ramène de Dubaï à Brazzaville via Addis-Abeba, Mme Lelo née Julka Okabande Koumou se refait une beauté. Dans quelques heures, elle atterrira à Brazzaville. Elle rentre d'un voyage commercial à Dubaï. Nous l'avons rencontrée. Interview à 8000 kilomètres, dans les airs.
Les Échos du Congo Brazzaville : Comment vous est venue l'idée d'exercer votre commerce sur l'axe Brazzaville-Dubaï ?
Mme Okabande : J'ai commencé mes activités commerciales à l'international par des voyages à Cotonou. J'y rapportais plus spécialement des vêtements en ''Bazin'', des sandales en cuirs et d'autres produits de la maroquinerie traditionnelle que j'y trouvais. C'est en voulant diversifier mon activité avec d'autres produits que les capitales africaines ne pouvaient m'offrir que je me suis tournée vers Dubaï. Désormais, j'en ramène des consommables bureautiques, notamment de l'encre pour imprimantes. La découverte de nouveaux horizons a fini par me décider.
L.E.D.C.B : Un voyage de ce type est toujours sujet à des formalités diverses, quel qu'en soit le motif.
Mme Okabande : Cela paraît déstabilisant rien à y penser. Pourtant, très vite j'ai été rassurée par des amies déjà rompues à l'exercice, quand je me suis lancée. Elles m'ont en quelque sorte ''coachée'' pour cette nouvelle destination. Pour le reste, j'avais déjà le pied à l'étrier. Quant aux formalités consulaires, pour la demande de visa, celles-ci sont convenables à mes yeux.
À Pointe-Noire où je sollicite mon visa, l'attente dure une semaine. Le visa est presque systématiquement accordé à ceux qui le demandent dans le cadre commercial. Naturellement, il faut avoir préalablement fournie toute la documentation demandée. Une fois le visa accordé, il y a un service d'accueil qui se met en place afin de faciliter le voyage et d'en assurer les commodités.
Le fait que l'on voyage souvent en groupes et entre amies, facilite davantage les choses. Sur place, on s'efforce à garder presque les mêmes habitudes en descendant au même hôtel, où on retrouve de nombreux congolais. On s'entraide et cela facilite les choses.
L.E.D.C.B : Achat de consommables à Dubaï, comment avez-vous décidé du produit.
Mme Okabande : J'ai d'abord réuni le capital approprié pour l'activité dans laquelle je voulais me lancer. En cela, mes voyages à travers les villes africaines m'avaient permis de constituer un fond conséquent. Une étude du marché ainsi que les possibilités réelles de placement du produit ont fini par me persuader à me lancer sur la filière ''encre''. Il y a aussi le rapport qualité prix du produit, la satisfaction des clients, les dépenses annexes convenables, tout ceci, générant au final un bénéfice substantiel. C'est en tous points bien différents de ce que je faisais avant.
L.E.D.C.B : Faut-il être forcément bilingue pour pratiquer cette destination ?
Mme Okabande : Être bilingue est un atout supplémentaire pour le gain de temps dans la communication. Sans parler l'anglais, on communique tout de même avec les fournisseurs à travers les gestes. Le prix se marchande avec la calculatrice. On affiche, on corrige et ainsi de suite, jusqu'à ce que l'on s'accorde entre vendeur et acheteur.
L.E.D.C.B : Vous êtes commerçante mais aussi une épouse souvent partie. Comment cette épouse s'organise-t-elle.
Mme Okabande : Avant tout voyage, je demande l'autorisation à mon époux. Sa réponse conditionne la suite. En cas de refus, je ne m’entête pas. C'est une question de compréhension dans le couple. Une femme absente du foyer une semaine durant, ça laisse des traces.
L'homme s'occupe très peu des tâches ménagères. Il faut donc prendre des précautions de façon à laisser la maison dans un état qui ne fasse pas trop ressentir l'absence. C'est ce que je fais.
L.E.D.C.B : ''Partir, c'est tuer un peu de son amour''.
Mme Okabande : Je n'ose pas vous dire que c'est plutôt ici que l'expression ''loin des yeux, près du cœur'' prend tout son sens. On compte les jours, en attendant de se retrouver. Cela conforte l'amour. Il est vrai que l'on raconte souvent beaucoup de choses en ces lieux où de nombreuses personnes surtout de même origine se rencontrent. Il y a des nouvelles colportées et la réalité de terrain. Il faut simplement s'en détourner en se vouant une confiance mutuelle.
L.E.D.C.B : Un conseil aux femmes qui aimeraient se lancer ?
Mme Okabande : Il faut avoir une vision et la matérialiser par une volonté rompue à toutes épreuves. Faire comme les scouts : ''À cœur vaillant, rien d'impossible''.
Propos recueillis par Benoit BIKINDOU Benoît BIKINDOU envoyé spécial à Brazzaville