Congo – Hygiène publique : L'insalubrité des marchés, un problème récurent

« Le noir ne meurt pas de microbes ». Cette fausse idée reçue qui justifie l'environnement insalubre dans lequel on se complaît au quotidien, est en train de trouver assise dans les marchés de nombreuses villes du Congo.

À coté des immondices, on vend des produits vivriers de toutes sortes, même ceux destinés à être consommés directement.

Eaux stagnantes où nagent les asticots et autres bestioles, boues et ordures charriées par les pluies, auxquelles s'ajoutent les immondices des dépôts sauvages des vendeurs ou des riverains en manque de solutions pour leur déchets, les marchés sont devenus de véritables dépotoirs.

C'est à se demander si cette situation interpelle ceux qui outre les comités de marchés, sont chargés de les gérer au plus haut niveau.

Des mines d'or, ces marchés, pour l'administration communale. Chaque jour, chaque vendeur est astreint au payement d'une taxe qui en toute logique, servirait entre autres, selon les textes, à la salubrité du marché. Pour les grands marchés, les sommes collectées représentent un pactole dont nul ne sait la destination car les marchés sont de plus en plus sales.

En temps de pluie, les marchés deviennent de véritables pataugeoires. Gare à ceux qui s'y aventureraient bien habillés. Vêtements et chaussures en ressortiraient bien abîmés.

Par temps de chaleur, l'odeur pestilentielle qui émane des immondices ou autres effluves des restes organiques en décomposition, rendent l'atmosphère suffocante et irrespirable. Même si on « fait son marché » au pas de course, on en ressort hors d'haleine, la gorge nouée.

Dire que vendeurs et vendeuses vivent au long de la journée dans cet environnement malsain. C'est là qu'ils mangent et boivent, tout en se gavant de cet air qui dépose dans les poumons toutes sortes de microbes contenus dans l'air ambiant.

Il y a quelques années, les différentes mairies des grandes villes ont été dotées par l'état de véhicules de travaux publics. À défaut d'être utilisés aux travaux d'assainissement, ceux-ci ornent les façades des arrondissements où ils sont exposés, quand ils n'assurent pas le transport de sable ou gravier de qulelques dignitaires. Quand bien même il sont commis à la tâche, celle-ci demeure inachevée. Les détritus sortis des collecteurs et autres caniveaux restent sur zone jusqu'à ce que la pluies ou les passant les y renvoient.

Entre-temps, même si « le noir ne meurt pas de microbes », les pathologies telles la fièvre typhoïde ou la « gastro » naguère rares, du temps de la « voirie-Congo », quand la salubrité et l'hygiène publiques étaient parmi les préoccupations prioritaires des autorités municipales, ces pathologies disons-nous, emportent ad pâtres les congolais.

Même si aucune étude sérieuse n'y est consacrée, un fait demeure constant, la saleté tue.

Bertrand BOUKAKA