Sassou Nguesso veut préserver son tapis rouge, Koukébéné à peur

L'élection présidentielle au Congo Brazzaville ce dimanche suscite bien des inquiétudes, alors que l’homme fort du pays Denis Sassou Nguesso (72 ans) ambitionne de se faire réélire une troisième fois et même dès le premier tour.

Ancien ministre et désormais opposant en exil, Benoît Koukébéné alerte, lui, sur les risques d’explosion au cas où Sassou Nguesso persisterait à passer en force.

«En effet, il apparaît désormais très peu probable voire impossible que Denis Sassou Nguesso l’emporte, dès le premier tour des élections du 20 mars 2016. Car, pour y parvenir, il lui faudra réussir «sa» fraude électorale », a déclaré l’opposant Benoît Koukébéné dans les colonnes de Libération.

«C’est le risque le plus grave qui doit retenir la vigilance des organisations internationales et susciter des mises en garde fermes de la part des chancelleries africaines et occidentales. Cette élection, qui prolonge les manipulations éhontées de la Constitution congolaise par Denis Sassou Nguesso, est donc un baril de poudre. Un rien, une nervosité, une étincelle, ce sera le chaos et un affrontement sanglant entre les deux forces en présence : le peuple et le président battu» a-t-il ajouté.

«C’est pourquoi, en responsabilité devant l’histoire, il nous incombe d’anticiper et de désamorcer tout bain de sang. Pour ce faire, j’en appelle tout d’abord au président François Hollande dont la responsabilité est grande, afin qu’il somme le président sortant de ne pas s’entêter à organiser «son» évidente fraude électorale. Ensuite, je demande solennellement au Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, de mettre en garde par note verbale le président sortant contre toute utilisation de la force contre le peuple congolais, au risque de supporter toutes les conséquences juridiques qui découleraient des massacres. Enfin, je prie également le président de l’Union africaine, son excellence Idriss Déby Itno, d’organiser, dès à présent, une médiation pour la sortie en douceur du président Denis Sassou Nguesso après sa défaite électorale », a conclu l’opposant.

Mercredi dernier, le camp Sassou a appellé l'opposition à préserver le climat de paix.

«Nous attendons que chacun et chacune des candidats ainsi que leur soutien, se comporte de manière responsable », a déclaré Thierry Moungalla à l’occasion d’un point de presse sur le bilan de la campagne de Denis Sassou Nguesso, 72 ans dont 32 à la tête de l’Etat et candidat à sa propre succession.

La direction de campagne du président sortant a fustigé l'attitude de certains candidats de l'opposition qui promettent de contester les résultats du scrutin présidentiel.

«J’estime que ces candidats ou tous ceux qui soutiennent cette position ne respectent pas le peuple congolais car, il faut laisser le peuple s'exprimer librement dans sa sagesse, il appartient à chaque candidat d'accepter le verdict des urnes qui n'est pas connu d'avance », a ajouté Thierry Mougalla.

Edwige KISSINGER