Congo : Thierry Moungalla chiffonne le député français Sébastien Nadot d’avoir fourré son petit nez dans la présidentielle congolaise

Le ministre congolais de la Communication et des Médias, Thierry Moungalla est très en colère contre Sébastien Nadot, député LT de la 10ème circonscription de la Haute Garonne, membre de la commission des affaires étrangères, très investi dans les question des droits de l'homme et de démocratie : ces critiques qu’il “n’accepte pas”. Ce dernier a interpellé récemment à l'Assemblée nationale, le ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves le Drian sur l’élection présidentielle du 21 mars 2021 en République du Congo tout en tirant des balles en caoutchouc sur le Président sortant, Denis Sassou N’Guesso. De quoi provoquer la colère du porte-parole du gouvernement congolais qui s’est exprimé au sujet de cette déclaration ignoble et ignominieuse sur son compte Twitter.

«Que M. Sébastien Nadot, député français de Haute Garronne se préoccupe de la situation grave que vivent ses mandants (faillites de commerces et vaccination covid difficile) plutôt que de soliloquer sans fin sur le Congo et nos affaires intérieures qui ne le regardent en rien », a écrit Thierry Moungalla sur son compte Twitter.

Sébastien Nadot, député LT de la 10ème circonscription de la Haute Garonne, membre de la commission des affaires étrangères, a interpellé récemment à l'Assemblée nationale le ministre français des Affaires étrangères, JeanYves le Drian sur la sur l’élection présidentielle du 21 mars 2021 en République du Congo sur ces termes :

«Partenaire privilégié du Congo-Brazzaville en tant que premier donateur d’aide publique au développement, la France ne peut ignorer le difficile contexte politique et social ainsi que la dérive autocratique à l’œuvre dans ce pays depuis de nombreuses années. Bien qu’il soit signataire de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance rédigée en 2007, l’État congolais n’a jamais cru bon de la ratifier.

Pour cause, le Président Denis Sassou-N’Guesso cumule 37 années de pouvoir et brigue aujourd’hui un septième mandat. M. Sassou-N’Guesso ne souhaitait pas s’encombrer de l’obligation faite par l’article 23 de cette Charte de ne pas amender ou réviser la Constitution d’une manière qui « porte atteinte aux principes de l’alternance démocratique ».

En effet, en 2015 il a organisé un référendum portant sur une nouvelle constitution afin de se maintenir au pouvoir pour au moins dix années supplémentaires. Face aux importantes manifestations qui ont marqué cette séquence constitutionnelle et l’élection présidentielle de l’année suivante, M. Sassou-N’Guesso a choisi la force pour taire toute contestation.

Ainsi, l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) dénombrait 46 morts, 69 blessés et des dizaines de disparus parmi les manifestants et l’emprisonnement des principaux opposants politiques comme Jean-Marie Michel Mokoko, André Okombi Salissa et Paulin Makaya. Si le Congo semble offrir une stabilité dans une région marquée par les conflits en République centrafricaine et en République démocratique du Congo, l’actualité récente rappelle que ce régime ne tient que par l’usage de la force.

Récemment, l’éviction de deux rédacteurs en chef en février 2021, Raymond Malonga et Henri-Michel Ngakeni, jugés trop virulents à l’approche de l’élection, a confirmé la réduction constante de l’espace civique et des libertés.

D’autre part, les évêques de l’Église catholique ont publiquement émis leurs « sérieuses réserves » quant à la crédibilité de l’élection à venir dans ce pays pétrolier où 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le Président Emmanuel Macron a émis plusieurs fois le souhait d’un renouvellement des élites politiques en Afrique sans que le cas du Congo-Brazzaville, où le seul horizon politique semble être une transmission dynastique du pouvoir, ne soit mis à l’agenda.

La faible crédibilité du processus électoral en cours ne semble pas faire réagir la diplomatie française. Il lui demande s’il compte garder le silence sur cet important enjeu de droits humains et de démocratie, comme ce fut le cas à l’occasion des récentes élections guinéenne, ivoirienne et togolaise, ou bien au contraire accompagner aux côtés des partenaires européens un véritable programme d’appui à la réforme électorale, à la lutte contre l’impunité et de réconciliation nationale passant par la libération des prisonniers politiques au Congo-Brazzaville », a déclaré Sébastien Nadot.

Jean-Jacques DOUNDA / Les Echos du Congo-Brazzaville