Présidentielle 2016 : Temps d’antenne des candidats, une régulation en trompe l’œil ?

Tous les candidats opposés à Denis Sassou Nguesso l’affirment. De nombreux auditeurs et téléspectateurs le relèvent. Les médias publics s’affranchissent en toute impunité des Règles d’équité concernant la couverture médiatique de la campagne électorale. Ces candidats dénoncent la complaisance du Conseil Supérieur de la Liberté  de  Communication.

C’est une polémique dont Philippe Mvouo le président du Conseil Supérieur de la Liberté de Communication se serait bien passée. Même s’ils affirment que « cette propagande outrancière ne changera pas le vote des congolais », de nombreux candidats dénoncent une quasi partialité dans la couverture médiatique de la campagne électorale par les médias d’état.

Disproportion du temps d’antenne dans les journaux parlés ou télévisés, non-équité du traitement, journalistes-militants avec une partialité affichée, autant de pratiques inconvenantes sont reprochées aux médias d’état.

En tête des émissions ciblées, la gazette « Show électoral » qui s’illustrerait par le non respect du temps d’antenne impartie à chaque candidat.

Cette gazette animée par Clémence Mbassi sur Télé-Congo serait une tribune presque entièrement garnie par la majorité présidentielle et son candidat, alors que la déontologie et les règles concernant la couverture de la campagne électorale renvoient les médias à un devoir d'équilibre et d'impartialité. Les sujets entre différents candidats se calibrent à la seconde-près et le journaliste affiche sa neutralité. Ce qui ne serait hélas pas le cas.

Pourtant, le 21 janvier dernier, Philippe Mvouo exhortait la presse, à faire preuve de professionnalisme en période préélectorale, électorale, et postélectorale.

Les médias intègrent le processus électoral, pour le service public à travers l’information juste à donner sur l’identité des candidats en lice et sur les enjeux de la campagne. À cet effet, les médias sont tenus de réserver des programmes appropriés à leur public pour l’audiovisuel et de publier des articles intelligents pour la presse écrite, essentiellement destinés à éclairer les électeurs », déclarait le président du CSLC, lors de la cérémonie d’échanges de vœux.

Esquissant le schéma de travail des journalistes en période électorale, Philippe Mvouo avait demandé aux journalistes de faire montre de professionnalisme, car pour lui, la mission essentielle reste celle d’« informer les électeurs sur les modalités du vote ». Aussi, rappelait-il le devoir des médias vue la portée politique de ce scrutin.

« Transcender en cela vos subjectivismes qui souvent vous déroutent, dénaturent votre profession et secrètent des germes de division, de haine dont la triste conséquence est la violence. Soyez la lumière de la cité. Organisez des tribunes où les débats doivent servir à l’expression pluraliste des courants de pensées et d’opinions. Donnez la parole à tout le monde, à toutes les couches sociales. Critiquez les discours politiques des uns et des autres. Faites que la politique ne puisse faire peur à personne, mais qu’elle serve utilement aux hommes et aux sociétés. Le faisant sans arrière-pensée, sans partis pris, dans l’équilibre et l’équité qu’exige votre métier, vous aurez ennobli réellement le journalisme »

Philippe Mvouo semble n’avoir pas été compris, de même les experts de l’Unesco qui se sont fondus en des séminaires jugés stériles, eux qui rappelaient des principes d’une évidence manifeste.

Directive 1

Pendant la période précédant les élections, les médias du service public ou financés par des fonds publics ont le devoir de veiller à informer le public des aspects pertinents du processus électoral comme les partis politiques ou les candidats en présence, les enjeux de la campagne et les modalités du vote.

Directive 2

Les médias du service public ou financés par des fonds publics ont le devoir de rendre compte des élections de façon équilibrée et impartiale sans faire montre de discrimination à l’encontre de quelque parti ou candidat que ce soit. Les autres médias audiovisuels pourront être assujettis à la même obligation.

Directive 2.1

Cette obligation signifie que les bulletins d'information, programmes d'actualités, interviews et émissions d'information ne doivent faire montre d'aucun parti pris pour ou contre quelque parti ou candidat que ce soit.

Du coté de la presse privée, habituée aux sanctions du Conseil Supérieur de la Liberté de Communication on guette circonspect les sanctions qui en toute impartialité, devraient tomber.

Arielle KAMBISSY