Le 14 juillet 2015, « la nuit descendait sur les paupières closes à jamais », du professeur Côme Mankassa. En ce 14 juillet 2018, trois ans après son décès, le souvenir de sa vie bien remplie et surtout celui de ses idées et de son combat politiques s'illumine soudain du noble sens pour le Congo Brazzaville qu’il souhaitait être dirigé au centre, avec une prévalence de « la sagesse du Mbongui ».
« Kalaka », autrement dit l'intellectuel, aimaient à mentionner ceux de son âge, parlant de Côme Mankassa, tant l'homme plaça au centre de sa vie l'effort et l'abnégation pour couronner des réussites que jamais il ne tenait pour un aboutissement. Bien au contraire pour lui, chaque réussite était juste une bataille de gagnée, un tremplin qui préfigurait des batailles futures à envisager avec plus d'à-propos.
Ses idées politiques auront forgé sa conviction, toujours portée sur la vision d’une politique congolaise menée au centre. «Je suis du centre, je suis pour le juste-milieu, le compromis », martelait-il.
C'est justement en homme de compromis qu'il mena la délégation des membres de l’UCR au palais du peuple, dans le cadre des consultations initiées par le président de la République.
À l’issue de l’audience du 4 juin 2015, le Chef de l’Etat Denis Sassou N’Guesso, souhaitant un bon retour à Côme Mankasa et lui fixant rendez-vous aux prochaines assises du dialogue national, l'homme avait répondu à son hôte, avec son art oratoire et son verbe flamboyant, « ne plus être de ce monde quand le dialogue national aurait lieu ». Triste prémonition, mais surtout une constance pour cet esprit toujours avisé.
Cet instinct de l’homme politique avisé aura été la marque de fabrique de Côme Mankassa, depuis l’enseignant démissionnaire de l’École catholique, en passant par le journalisme, ses missions diplomatiques, son exil en France, sa thèse de sociologue, jusqu’à son retour au Congo, pour enseigner à l’Université Marien Ngouabi et occuper le poste de ministre de la culture au Congo en 1992.
En ce jour anniversaire de sa mort, Roger Ndokolo, l'un de ses fidèles collaborateurs ravive la flamme telle une reprise du flambeau pour continuer de porter les idées de Côme Mankassa et perpétuer son combat : « Notre combat à l’émergence de ses idées se poursuivra jusqu’à l’instauration d’un Congo basé sur les valeurs du dialogue, relayant loin de nous, tout acte de subversion ou de séparatisme. Car, tout est continuité. Tout est changement sans trahir la mémoire de Côme Mankassa tel qu’il ambitionnait mener la politique du Congo, notre pays à toutes et à tous. C'est pour nous à la fois un devoir, une exigence, mais aussi une constance politique, que de continuer à œuvrer pour ces idées si justes qui en nous perpétuent la mémoire de Côme Mankassa.»
Outre le souvenir d’un homme chaleureux et d’un enseignant hors pair, il reste de Côme Mankassa des ouvrages où son esprit souffle encore.
Né le 28 avril 1936 à Hamon Madzia, le professeur Côme Mankassa aurait eu 83 ans cette année.
Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville