Congo – Gouvernement : La ministre Arlette Soudan Nonault se « fiche » bien des directives du premier ministre

Relèves ou nominations aux hautes fonctions par des ministres, la pratique qui n'intègre pas leur domaine de compétences avait été en son temps dénoncée par le premier ministre Clément Mouamba, qui dans une circulaire avait rappelé à l'ordre et à la discipline tous les membres du gouvernement. Pourtant, on a récidivé, au ministère de l'environnement.

Relève ou nomination de directeurs généraux par des ministres, au mépris des prescrits du premier ministre, le fait devient récurent et s'apparente désormais à de l'insubordination.

Que l'on ne s'y méprenne pas. L'acte posé par la ministre Arlette Soudan Nonault de relever l'ancien directeur général du développement durable nommé en son temps par Rosalie Matondo et d'en nommer un autre plus proche d'elle, participe d'une volonté manifeste de s'affranchir de la discipline gouvernementale et partant, de l'autorité du premier ministre.

Durant tout le circuit administratif de la construction de la relève et de la nomination opérées par Arlette Soudan Nonault, elle savait pertinemment que l'acte qu'elle posait lui était interdit par les dispositions rappelées par le premier ministre dans sa circulaire du 11 mai 2017.

Une note de service, encore une, aux allures de baroud d'honneur pour Clément Mouamba

Même si Clément Mouamba semble faire preuve d'autorité, en rapportant les notes de service de sa ministre et en les déclarant sans effet, à travers sa note de service du 10 janvier 2018, il n'en demeure pas moins que ce nouveau « bras de fer », six mois après un rappel à l'ordre touchant l'ensemble des ministres est symptomatique d'un climat délétère qui régnerait au sein du gouvernement.

Cela conforte en occurrence les indiscrétions souvent rapportées, des ministres qui arriveraient en retard au conseil de cabinet, un manque de respect primaire, à l'autorité du premier ministre.

D'autre part, le premier ministre Clément Mouamba aurait-il en mains tous les leviers pour asseoir la discipline et surtout son autorité sur l'ensemble des membres du gouvernement ?

Car, que vaut pour le premier ministre le rappel contenu dans la note de service du 10 janvier 2018, qui dans des termes similaires se réfère à celle du 11 mai 2017, pour les mêmes causes et les mêmes effets alors que la logique administrative aurait voulu que l'on sanctionna la ministre récidiviste par un blâme, voire une suspension temporaire d'activités, car les notes précédentes valaient déjà rappel à l'ordre. Mais le premier ministre le peut-il seulement ?

Confortablement installée aux premières loges de l'appareil politique du Parti Congolais du Travail, Arlette Soudan Nonault sait bien que chaque acte qu'elle pose est à connotation politique. Et en décidant de braver Clément Mouamba, elle trace en filigrane les contours de la réalité des choses. La sagesse congolaise est pleine de maximes illustrant cet état de fait.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville