Congo – Assemblée nationale : Parole décomplexée pour les députés, face au gouvernement

Elle était attendue de tous, la séance des questions orales au gouvernement a tenu ses promesses vendredi dernier.

Un premier ministre parfois à la peine, des ministres mis à l'index « cartes sur table », les députés n'y sont pas allés avec le « dos de la cuillère », lors de la séance des questions orales à l'exécutif, tant leur parole s'est véritablement soudain libérée, face aux membres du gouvernement.

« Monsieur le premier ministre, s'il y a des ministres qui ont failli à leurs missions, demandez leur départ du gouvrnement auprès du président de la république ».

Ces mots du député Jean-Claude Ibovi illustrent par la preuve, la pertinence des questions et l'âpreté des débats. Sans doute, l'annonce par le président de la république d'un audit sur la corruption et la bonne gouvernance aura t-elle contribué à ôter aux députés le sens de la repartie qui les a de tout temps caractérisé, face au gouvernement traité avec maints égards.

Désormais, ont promis les députés, « ce ne sera plus comme avant ».

Ce changement de logiciel dans le contrôle de l'action gouvernementale, le président de l'assemblée nationale Isidore Mvouba en avait esquissé les grands traits, afin disait-il, de faire du parlement un « véritable laboratoire à idées, avec des députés en totale immersion dans la société ».

Cette immersion, les députés l'on traduite, en rapportant à l’hémicycle les préoccupations du congolais lambda, dépouillant de facto le ministre de son légendaire confort.

Qu'il s'agisse des questions salariales, de la recherche de la paix véritable, des grèves ou des menaces contre des infrastructures du Congo ou des officiels congolais à l'étranger, nulle question d'actualité n'a échappé aux députés, au point de mettre parfois le président de l'assemblée devant le fait accompli.

Dans cet exercice, les députés de la majorité se sont montrés des plus intraitables, à l'instar de Jean-Claude Ibovi ou encore Ferréol Ngassakys.

Ainsi, lorsque le député Jean-Claude Ibovi recadre le ministre de l'Administration du territoire et des Grands travaux, lui signifiant qu'il ne peut parler de réhabilitation de 137 kilomètres d'une route qui n'existe pas au préalable, les clameurs s'élèvent de partout, comme lors d'un but, à l'occasion d'une grande rencontre de football.

« Ces ministres auraient changé depuis bien longtemps, si on leur disait toujours ainsi les vérités », assure t-on dans la population.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville