Congo : incursion de l’armée angolaise à Kimongo

Sans y être invités, des militaires angolais conduisent une opération à Kimongo dans le département du Niari (sud). Cette semaine on s’interroge sur les raisons qui ont poussé l’armée angolaise à mener cette action. Les soldats pourchassaient-ils des rebelles cabindais qui se seraient repliés en territoire congolais ou s'agit-il d'une simple provocation de Luanda ?

Cette infiltration est précisément constatée dans le village Ilou-Panga. Les autorités locales allèguent qu’il s’agirait des soldats angolais.

Cette incursion a suscité la panique dans la population. Dans le même village, quatorze (14) tombes ont été profanées.

C'est une escalade militaire qui peine à dire son nom. Ses implications politiques pourraient néanmoins avoir de graves conséquences et font déjà craindre un conflit ouvert entre Brazzaville et Luanda.

Les deux pays disposent chacun d'un poste avancé à la frontière, mais le Cabinda demeure, aux yeux du pouvoir angolais, une véritable passoire pour les rebelles du FLEC.

Seule certitude, cette incursion n’est pas la première.

En octobre 2013, un bataillon de militaires angolais pénètre en territoire congolais, par l’enclave de Cabinda. Face à la supériorité militaire déployée par Luanda, environ 500 hommes, et face à ce rapport de force, la vingtaine de soldats congolais présents au poste avancé se replie et rend immédiatement compte à sa hiérarchie, à savoir le commandement de la zone militaire de Dolisie.

Brazzaville est aussitôt informée mais préfère jouer la carte de l'apaisement.

Le gouvernement congolais envoie sur place un petit détachement militaire en renfort aux soldats sur le terrain et délègue surtout le commandant Christian Loubaki, natif de la région, pour négocier un compromis. Sur place, la réaction des militaires angolais est surprenante. Ils prennent en otages non seulement le commandant Loubaki et ses 46 hommes mais se déploient avec leurs engins blindés dans les localités de Kimongo, Pangui, Iloupaga, Yanza et Ngandambinda.

Dans l’enclave de Cabinda, Luanda maintient un fort contingent de forces de sécurité dont les effectifs se montent à environ 4 000 hommes pour une population d'à peine 40 000 personnes, soit un soldat pour dix civils.

Une force qui, d’habitude, est accusée de violations de droits de l’homme par les organisations internationales mais cette incursion en territoire étranger est très spéciale.

Pour l'heure, aucune exaction sur les populations locales n'a été signalée. Il n'y a pas de combats et les militaires angolais ne donnent pas l'impression d'être à la poursuite de rebelles cabindais qui pourraient être repliés dans le département du Niari.

Germaine Mapanga