L’avenir de l’UPADS et les futures alliances seront décidés par le Congrès, assure Pascal Tsaty Mabiala (Interview)

Le Premier secrétaire de l’Union panafricaine pour le progrès social (UPADS) a récemment accordé une interview au Webjournal ‘‘Les Défis du Congo’’, dans laquelle il a fait des révélations exclusives liées au futur de l’UPADS, notamment son positionnement dans la présidentielle de mars 2026 et les alliances politiques à venir. A sa rencontre dans son modeste bureau, Pascal Tsaty Mabiala, calme, donnait l’impression d’être perdu dans le tourbillon politique pré-électoral fait de nombreuses récriminations de ses collègues frondeurs de l’UPADS et de l’opposition. Une simple fausse impression, car la suite du face-à-face était marquée par une verve tranchante sur plusieurs questions de la vie politique et socioéconomique du pays. Le retour des opposants et exilés au Congo, le projet d’élargissement du parlement dans la Diaspora, les pénuries d’eau, de gaz et d’électricité, le délabrement des écoles, des centres de formation et des centres de santé sont autant de sujets sur lesquels le patron de l’opposition congolaise s’est prononcé, au cours de son échange avec Cyr Yoba.

En voici le verbatim :

Les Défis du Congo : Nous avons remarqué sur la page officielle du parti qu'il y a plusieurs dissidents qui réclament votre destitution. "Les Défis du Congo" voudrait savoir si cette fois-ci le coup vous affecte.

Pascal Tsaty Mabiala : Aucun effet ! Ce sont de petits groupuscules sans existence réelle qui ne s'expriment que sur les réseaux sociaux. A la base ils n’ont aucune présence et personne ne les écoute. Vous pouvez le vérifier. Ils ont longtemps fait de la tenue du Congrès leur principale revendication. Maintenant que ledit Congrès se tiendra impérativement les 12, 13 et 14 novembre, que leur reste-t-il à revendiquer ? Ma tête ? A la vérité, c'est une bande d'aigris de jaloux et de haineux qui ne méritent pas qu'on s'y attarde.

LDC : Nous sommes à un an de l’élection présidentielle de 2026. Le mercure politique monte déjà et les écuries s’organisent. La population voudrait savoir si l’UPADS est prête à reprendre son titre de Grand parti national ?

PTM : Il ne s’agit pas de reprendre ; il l’a toujours été, il est toujours le grand parti qui a été aux responsabilités. Contrairement aux autres partis de l’opposition et c’est là toute la différence que nous marquons toujours ; l’UPADS a été aux responsabilités, a géré l’Etat au plus haut niveau avec un grand homme ; Pascal Lissouba. Par la force des armes, nous avons quitté le pouvoir. Mais nous n’oublions pas que nous avons géré pendant 5 ans. Et donc nous avons une perception des choses ; une vision de l’Etat qui est différente des autres partis de l’opposition, qui n’ont jamais été au pouvoir, qui n’en connaissent pas la complexité ; c’est pour cela que quelques fois les gens disent que nous sommes en complicité avec le pouvoir ou que nous sommes de mèche parce que, comme celui qui s’est blessé sur la langue, il connait bien le goût du sang. Ils ne connaissent pas ce que c’est l’Etat. On ne peut pas avoir la même perception des choses. Là où ils sont, ils sont plus critiques. Mais nous on met un peu de bémols parce que nous avons vu des choses et nous savons que ce n’est pas facile. Quand on dit ça, ça ne veut pas dire qu’on soutient ce pouvoir ou qu’on est de mèche avec ce pouvoir. C’est le sens de la responsabilité qui nous habite et qui, quelques fois, nous met dans une situation de modération, de pondération. Tous ceux qui veulent aller au pouvoir, tous ceux qui ont une ambition pour le pouvoir ; qui ont le rêve du pouvoir, ont une manière de vivre, de penser ou de dire les choses, parce que la radicalité vous éloigne du pouvoir, mais la dévotion aussi ! Donc il s’agit d’avoir une position équilibrée ; ni dévotion ni radicalité. C’est ça la position de l’UPADS.

LDC : Quel est le positionnement de l’UPADS par rapport à l’élection présidentielle de l’année prochaine ?

PTM : Nous sommes à moins d’un an de l’élection présidentielle et nous tenons le congrès du 12 au 14 Novembre. Il fera l’analyse de la situation complète et de l’UPADS elle-même et du pays et de l’élection présidentielle qui arrive au mois de mars 2026, et c’est à ce moment-là que nous exposerons notre point de vue sur la marche du pays, sur l’élection présidentielle et, si jamais nous devons nous engager comme en 2016, c’est là que nous donnerons notre réponse.

LDC : Comment entrevoyez-vous le parti du professeur Pascal Lissouba dans les 5 prochaines années ? Etes-vous prêts à reconquérir le capital perdu parce qu’effectivement, à l’intérieur du pays, les Congolais pensent que l’UPADS est en perte de vitesse.

PTM : Je ne dis pas que c’est normal, mais, est-ce que c’est étonnant qu’on soit en perte de vitesse ? Regardez l’UPADS… Elle ne vit pas dans une bulle isolée de tout, mais elle vit dans cette société. Quand on analyse la vie de l’UPADS, il faut analyser la société politique du Congo. Hier nous étions au pouvoir ; nous n’avons même pas connu l’opposition, en réalité. Juin 1991, le parti est créé, et quelques mois après ce sont les élections qui commencent, le président est élu et nous sommes au pouvoir. Est-ce qu’on a connu l’opposition ? Non ! Notre chemin de croix a commencé lorsque nous avons été débarqués du pouvoir en 1997. Mais ce n’est pas facile quand vous êtes dans l’opposition ! Les militants qui sont avec vous, les jeunes qui regardent les autres, qui ont envie de vivre comme les autres, pensent que le parti a les moyens de les placer, de les employer et ils sont dans un état de précarité tel que ce n’est pas facile de les mobiliser. Hier nous n’avions pas ce problème ! A l’époque c’est nous qui étions les jeunes… Mais nous étions déjà en train de travailler ; nous étions déjà des fonctionnaires ! Nous avions une vie ! Aujourd’hui, les jeunes qui viennent de terminer l’université n’ont pas de travail ; ils veulent aussi vivre comme vous, ils veulent avoir la femme et les enfants ! Mais ils sont dans un état de dénuement tel que, quand j’arrive ici (au siège, ndlr), j’ai peur quand je les vois. Ils viennent ici pour avoir un petit intéressement pour le travail que nous leur demandons. 50 ; 75 000 FCFA ; le plus cher payé touche peut-être 100 000 Frs ! Mais avec ça, il doit payer un loyer et s’occuper de la famille. Qu’allez-vous leur demander en terme de mobilisation ? La gestion d’un parti politique nécessite des ressources. Une conférence de presse nous coute jusqu’à 700.000 FCFA ; un meeting c’est au moins 2 millions de FCFA. Pour une tournée à l’intérieur du pays, pour aller à la rencontre des militants, il faut de l’argent. Autrement dit, vous ne pouvez pas gérer le parti aujourd’hui comme vous l’avez géré hier. Nous avions papa (le professeur Pascal Lissouba, ndlr) qui était là et il est arrivé très rapidement au pouvoir comme chef de l’Etat. Il n’allait pas prendre de l’argent au Trésor comme ceux d’aujourd’hui, mais il ponctionnait dans ce qu’il lui est officiellement reconnu et remis, pour soutenir le parti. De cette façon, nous avons vécu de 1992 jusqu’en 1997 sans aucun problème !

LDC : Alors, ce n’est plus possible aujourd’hui ?

PTM : Mais depuis qu’on est revenu, on est dans l’opposition. Savez-vous que les militants de l’UPADS ne cotisent pas ? Depuis la création du parti ils n’ont jamais cotisé. Il faut alors se demander comment on fait pour vivre ? Eh bien, ce sont les parlementaires… Si demain, à l’issue d’une élection législative ou sénatoriale l’UPADS n’a aucun élu, c’est fini ! Le parti s’arrête net ! Les cadres sont là ! Les éminences sont là ! La matière grise est là ! Mais il faut un minimum de ressources pour faire fonctionner le parti. Donc lorsque vous dites que le parti ne brille plus comme hier, c’est vrai ! Le parti a besoin d’un minimum pour vivre ! Et moi, avec mes indemnités de chef de l’opposition, je donne au parti, ajouté à ce que donnent mes collègues parlementaires, c’est ce qui fait vivre le parti. On vit aujourd’hui un peu grâce à l’état. Nous avions une subvention de 15 millions de FCFA par trimestre. Mais depuis cinq ans, elle ne passe plus parce que, disent-ils, l’état n’a plus d’argent pour subventionner les partis politiques. C’est la principale raison du recul du parti. Et nous allons partir au Congrès.

LDC : Justement, parlons de ce congrès  que vous organisez en novembre prochain à Brazzaville. Quelles sont les grandes préoccupations qui seront traitées lors de cette rencontre ?

PTM : Je ne vous donne pas de chiffre. Mais il faut déjà trouver de l’argent pour aller à ce congrès. Les militants ne cotisent pas. Pour vous donner une idée, le congrès de 2013 nous a coutés près de 180 millions de FCFA. Plus d’une décennie après, avec l’inflation, nous allons nager à près du double ! Le problème de moyens a souvent fait que nous n’organisions pas de congrès aux dates prévues. Aujourd’hui, nous nous sommes dit que par tous les moyens, il faut organiser ce congrès. Lors de ce congrès, nous allons réorganiser le parti dans son ensemble.

LDC : En dépit de ces difficultés que vous énumérées, pensez-vous que l’UPADS va tenir sa place dans l’opposition ou bien elle fait de l’enrobé gouvernemental ? Vous considérez-vous réellement comme un parti de l’opposition avec un pied dans le gouvernement ?

PTM : Non, pas du tout ! Il faut qu’on se batte… Nous ne ferons pas disparaitre le nom de Pascal Lissouba (pointant un grand portrait du fondateur de l’UPADS, à sa droite). Si demain on doit en discuter, ce sont les congressistes qui le diront. Si demain on doit discuter avec le PCT, ce sont les congressistes qui le décideront sur la base d’un accord. Moi, je ne l’ai pas encore envisagé. Mais tout est évolution ; on ne sait jamais ! Les congressistes pourraient dire qu’il ne s’agit pas d’aller embrasser le PCT mais ils pourront dire nous devons regarder comment il faut améliorer les relations avec ce parti ; nous en tant que premier parti. Et puis, il faut le dire, l’histoire politique de Pascal Lissouba ne commence pas en 1991 quand il créé l’UPADS ; elle commence depuis 1961 quand il arrive ; conseiller spécial de Fulbert Youlou (premier président du Congo, ndlr) tout en étant directeur des services agricoles. Jeune, 32 ans je crois, il est Premier ministre de Massamba Débat. C’est le début de sa carrière politique et puis… et puis… ! Jusqu’à ce qu’il intègre le PCT. Peut-être que beaucoup ne le disent pas ; Pascal Lissouba était membre du PCT, même s’il n’est pas resté longtemps (du 31 décembre 1972 au 23 février 1973, ndlr). Il n’est pas un inconnu, pour ceux de sa génération, au PCT. C’est un parti de gauche, nous pouvons aussi revendiquer le PCT parce que nous sommes un parti de gauche. Hier, le PCT était communiste. Mais depuis 1992, le PCT a fait sa mue pour devenir un parti social-démocrate ; l’UPADS est un parti social-démocrate. On ne peut pas imaginer que demain, peut-être que sur cette base idéologique on dise qu’il faut regarder comment on peut améliorer les relations avec un autre parti qui partage avec nous la même idéologie ! Cela est possible, mais ça ne dépendra pas de Pascal Tsaty Mabiala ; mais de la volonté des militants après une analyse sérieuse, sans faire disparaitre l’UPADS. Comment faire cohabiter tous ces intérêts presque antagonistes ? Ça c’est la magie des militants de l’UPADS au congrès, quand ils auront fait l’analyse saine, réaliste.

LDC : L’eau, l’électricité, le gaz, les routes, les inondations, comment l’UPADS apprécie-t-elle le travail du gouvernement du PCT avec qui elle partage la même idéologie malgré les intérêts antagonistes ? Aide-t-elle le gouvernement à résoudre ces problèmes cruciaux qui minent le quotidien des compatriotes ?

PTM : Gérer un pays c’est faire choix. Gérer un pays c’est affecter les ressources dans les secteurs prioritaires. Gérer un pays ce n’est pas privilégier ce qui n’est pas nécessaire. Nous avons un budget mais nous avons des difficultés financières. Nous ne sommes pas un pays pauvre mais plutôt producteur de pétrole et depuis peu, de gaz. Nous sommes aussi un pays forestier. Donc le Congo a des ressources. Maintenant, il s’agit pour nous de savoir où est-ce que nous mettons la priorité ? A notre avis, c’est l’école, la formation.

Un pays qui ne forme pas aujourd’hui les jeunes de demain qui vont prendre la relève ; qu’ils sacrifient, qu’ils jettent dans les mains des gens eux-mêmes qui n’ont pas appris, qui n’arrivent pas à se nourrir, qui eux-mêmes sont dans des difficultés les plus inimaginables et vous confiez les enfants à ces gens-là, pas de formations, ils ne sont pas payés, on les appelle des bénévoles ; des finalistes, des communautaires ; je ne comprends pas ces termes. Donc, c’est à ces hommes démunis, sans formation, que nous avons confié le destin du Congo… La santé est un secteur également stratégique… Les infrastructures… Quand vous avez dit que le peu de ressources que nous avons, nous les consacrons à faire l’école, la santé, pour qu’il y ait un hôpital dans chaque département ; peu importe le nom qu’on lui donne ; hôpital général, de référence, etc. n’est pas le problème. Chaque département devrait avoir un hôpital digne de ce nom, avec des médecins et des plateaux techniques bien formés et nous en sommes bien capables. A mon avis, c’est une question de priorités. Si on doit mettre de l’argent dans les institutions dont on peut se passer ; vous savez qu’il y a des pays qui n’ont pas de Sénat, mais ils vivent ! Est-ce que nos capacités financières nous permettent d’avoir un parlement bicaméral ? Il faut voir le budget d’Etat et la part qui est réservée au Sénat… Je ne suis pas contre le Sénat. Si nous avons les moyens pour régler les autres problèmes et avoir une deuxième chambre au parlement, pourquoi pas ? C’est aussi l’exercice de la démocratie. La défense qui prend beaucoup d’argent ; quelle est la menace aujourd’hui pour que nous mettions autant d’argent sur les questions de défense ?

LDC : Le pays a un problème de moyens, n’est-ce pas ?

PTM : Il y a moyen de faire des économies et donc d’affecter des ressources à l’école, à la santé et dans les infrastructures. Nous avons des villes construites depuis la période coloniale et que nous n’avons pas entretenues en matière de canalisations. Il faut refaire les canalisations parce qu’elles sont hors d’usage. Donc ce sont des milliards qu’il faut engloutir à Brazzaville, à Pointe-Noire et à Dolisie pour refaire d’abord les voiries urbaines. On a besoin de mettre à peu près 80 % dans ces infrastructures. Le reste d’argent on le partage entre les autres institutions. Or chez nous il y a un saupoudrage. Quand il y a un peu d’argent, on donne ici, on donne là et à la fin on ne sait même plus ce qu’on a pu faire. Nous avons toujours un éternel recommencement et les choses s’empirent de jour en jour. Il faut choisir les priorités et bien sûr, la bonne gestion des ressources qui tombent. On a mis en place des institutions anti-corruption, quel est le corrompu qu’on a attrapé et jeté en prison ? A cet ordre de priorité que je viens de donner, il faut y mettre la rigueur de la gestion. Il est impensable aujourd’hui qu’on vous dise que le DG des Impôts a fait une malversation, il est arrêté, il a été placé à la maison d’arrêt, mais il a payé ce qu’il aurait volé, il est sorti et puis reprend son poste. Mais il y a un préjudice ! Même s’il a rendu, mais le préjudice qu’il a causé ? On écoute ce qu’il se fait dans le pays et quelques fois on se dit qu’on n’est plus dans un état véritablement de droit !

Si nous étions en situation de gérer le pays, voici comment nous nous comporterions. Mais on n’a pas dit que les choses sont si simples que ça ! Elles sont aussi difficiles. Mais il faut savoir faire des choix quand vous devez gérer. A mon avis, le pouvoir actuel ne sait pas faire ces choix ; ne sait pas mettre les priorités et puis, il n’y a pas de rigueur. Si les choix et la rigueur dans la gestion étaient pris en compte, je pense qu’on pouvait faire bien mieux que ce qui est aujourd’hui fait.

LDC : De nombreux congolais de la diaspora voudraient bien revenir au pays, mais ils craignent une rétribution due au manque de dialogue inclusif pour garantir une immunité pour leurs opinions politiques. Que leur dites-vous ?

PTM : Je les attends, qu’ils viennent ! J’ai même des parents là-bas qui sont dans un exil volontaire. En fait, aujourd’hui la diaspora est constituée des frères et des sœurs qui ont délibérément choisi de vivre en France sans qu’ils n’aient été contraints de quitter le pays. En dehors de Benoît Koukébéné. Moungounga est décédé, Bikinkita est décédé, donc il ne reste plus que Koukébéné qui ne peut pas rentrer dans son pays. Nous avons demandé au président Sassou de prendre une loi d’amnistie qui doit s’étendre à Benoît Koukébéné aussi. On ne va pas attendre qu’il soit rappelé à Dieu pour lui accorder la grâce présidentielle ou l’amnistie ! Tous les autres qui sont là-bas, ils y sont parce qu’ils veulent vivre en France.

Ils veulent venir mais ils ont besoin d’un dialogue ; ils ont raison ! Il faut qu’on dialogue ; il faut qu’on regarde ensemble comment gérer le pays ! Il y a certainement ceux qui ont de très bonnes idées et qui peuvent les mettre à la disposition du pouvoir actuel pour que notre pays tire profit de leur intelligence et de ce qu’ils ont appris là-bas, à l’extérieur. Mais vous croyez que c’est en parlant seulement, en demandant à la bouche qu’on obtiendra ce dialogue ? Quels sont les moyens de pression qu’ils mettent. Ils sont là-bas, ils discutent avec Matignon, le Quai d’Orsay, l’Elysée, mais qu’est-ce qu’ils font comme pression pour que la France écoute leur voix ?

LDC : Nombreux craignent toujours de revenir au pays, surtout les activistes sur les réseaux sociaux et dont les opinions portent parfois atteinte à la dignité d’autrui.

PTM : S’ils décidaient de rentrer, on ne les prendrait pas à Maya-Maya pour les conduire à la maison d’arrêt. L’opposition sera plus forte avec leur présence dans ses rangs et constituera une véritable force de revendications dès lors qu’elle aura eu un apport en nombre, en idée, en cadres et en qualité. Ensemble nous allons peut-être faire plier le pouvoir. Ce pouvoir écoutera plus ceux qui sont ici que ceux qui vont parler nuit et jour en France, aux Usa ou en Asie.

Ceux qui, pour des raisons de santé sont obligés de vivre là-bas, ça ne les empêche tout de même pas de rentrer dans leur pays. J’ai passé 9 ans en exil, je sais quelles sont les difficultés pour vivre à l’extérieur. Mais est-ce que c’est depuis là-bas qu’on obtiendra le dialogue que moi aussi, j’appelle de tous mes vœux ? Peut-être que les moyens de pression que nous pouvons exercer ici sont faibles. Il faut qu’ils rentrent ! Ça va même déranger le pouvoir. Vous imaginez si demain la diaspora dit qu’elle rentre ? Et nous allons voir comment Sassou Nguesso va nous empêcher de rentrer chez nous. Nous sommes des congolais à part entière. Même si certains d’entre eux ont eu la double nationalité, mais la législation congolaise admet la double nationalité ! Donc ils peuvent rentrer avec la garantie de leurs droits civiques. Je ne dis pas aussi qu’ils doivent tous rentrer le même jour ! Mais tout cela peut se faire de façon progressive, de façon à ce que l’essentiel des forces progressives se retrouvent au Congo bien plus qu’à l’extérieur.

LDC : Il y a quelques jours, le ministre des Affaire étrangères, en visite officielle à Paris, a annoncé la possibilité d’ouvrir des sièges au Parlement pour les congolais de la diaspora.

PTM : S’ils tiennent parole, ce sera une bonne chose ; une grande avancée que de faire participer tous les congolais où qu’ils soient ! Il y en a qui ont des raisons de rester là-bas ; soit ils sont malades, soit ils ont des intérêts. Mais j’appuie cette idée de toutes mes forces.

LDC : « Les Défis du Congo » vous remercie pour votre disponibilité. Vous avez certainement un sujet qui vous tient à cœur et que nous n’avons peut-être pas abordé. Vous pouvez le développer.

PTM : D’abord je vous découvre. Il faut diversifier les sources d’information. Quelqu’un qui diversifie ses sources d’informations fait de plus bonnes analyses. Mais si vous êtes seulement cramponnés sur les journaux du Congo ou Télé Congo et les autres… Je ne dis pas qu’il ne faut pas les suivre. Mais à cette liste il faut greffer d’autres médias sérieux, nationaux ou internationaux pour confronter l’information car c’est celui qui a la bonne information qui fait de meilleures analyses. Vous pouvez désormais me compter parmi vos lecteurs les plus assidus.

Jean-Jacques Jarele SIKA / source : Les Défis du Congo www.lesdefisducongo.com

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