L'Etat congolais n'a pas des problèmes avec le gouvernement français (Jean-Claude Gakosso)

Le ministre des Affaires étrangères, de la Francophonie et des Congolais de l’étranger, Jean-Claude Gakosso, est revenu,   avec luxe et détails,  vendredi 18 avril 2025, lors de sa rencontre avec son homologue français, Jean-Noël Barrot,  au Quai d'Orsay à Paris,  sur la nature des relations entre la France et le Congo-Brazzaville.

"L'Etat congolais n'a pas des problèmes avec le gouvernement français. Nous déplorons tout simplement ces questions judiciaires qui portent préjudice aux relations entre nos deux pays", a déclaré le patron de la diplomatie congolaise, en faisant allusion à la perquisition spectaculaire de l’appartement de la première dame du Congo-Brazzaville,  Antoinette Sassou-N’Guesso récemment à Paris.

"Après l'épisode judiciaire suscité autour de la première dame du Congo, en respect du travail de la justice, il nous est demandé d'accomplir le travail en s'appuyant sur la convention de Vienne, un traité international réglant les rapports diplomatiques entre Etats, l'immunité du personnel diplomatique et l'inviolabilité des Ambassades. et après avoir reçu les instructions fermes du Président de la République, Denis Sassou-N'Guesso, de réviser cet accord judiciaire signé en 1974, ratifié et entériné par le parlement à l'époque de la République populaire du Congo en 1975, soit 50 ans après. Ce texte ne donne plus la souveraineté des Etats, n'accorde l'avantage d'égard, mais aussi le principe de droit de l'autorité de la chose jugée", a expliqué Jean-Claude Gakossso.

"Il me semble que les  différents jugements prononcés à Brazzaville, ne sont pas du tout considérés à Paris, et cela constitue un imbroglio judiciaire duquel nous devons sortir très vite", a précisé Jean-Claude Gakosso.

Selon le patron de la diplomatie congolaise, nul n'a intérêt de voir s'ouvrir la brêche d'une telle relation très ancienne et très précieuse.

"Nous sommes ici pour gommer les aspérités qui ne manquent pas entre les Etats et entre les hommes. Il y a eu des paroles et des mots et tout ça est désormais derrière nous. Il s'agit maintenant de relancer nos relations", a martelé Jean-Cluade Gakosso.

La perquisition spectaculaire de l’appartement de la première dame du Congo, Antoinette Sassou-N’Guesso à Paris, a jeté, en mars dernier, une nouvelle lumière sur les profondes fractures entre la France et le Congo-Brazzaville. Une relation qui subit de plus en plus des interférences de la justice française.

Une équipe de la police française s'est rendue à l'appartement de la première dame congolaise fin février. Cette opération judiciaire soulève des interrogations au Congo comme en France.

En exprimant, au passage, tout le mal qu'il pense de cette affaire, le ministre des Affaires étrangères, de la Francophonie et des Congolais de l’étranger, Jean-Claude Gakosso, a remis un message écrit et adressé à l’ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire de la République Française auprès la République du Congo, Claire Bodonyi.

Antoinette Sassou-N'Guesso, peu importe l'image que chacun se fait d'elle, est la femme d'un chef d'Etat en exercice, à ce titre elle mérite un minimum de courtoisie.

D'aucuns crieront sûrement l'évocation d'une décision de justice, une question de séparation de pouvoirs, etc. Quand bien même, ce disque est rayé.

Mais de quelle justice est-il question dans ce cas précis qui implique une aussi haute personnalité, dépositaire de protection diplomatique remise en cause?

S'agit-il d'une justice à géométrie variable aux relents d'une certaine représaille sournoise ?

Voyez-vous, c'est avec ce manque de respect récurrent et systématique que nous aurons toujours maille à partir.

En octobre 2023, une grosse tension éclate entre Brazzaville et Paris. Le Ministère congolais des Affaires étrangères avait exprimé « son vif mécontentement » à l’égard de la France, suite à la vente par les autorités judiciaires de ce pays, de l’avion présidentiel congolais.

L’ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire de la République Française auprès la République du Congo, Claire Bodonyi a été convoquée, à ce sujet par le ministre congolais des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville

Photo : DR