Congo-Politique : Joseph Kignoumbi Kia Mboungou persiste et signe : « l’Etat congolais est en pleine ruine »

Après un long silence, l’opposant congolais revient au-devant de la scène politique. Joseph Kignoumbi Kia Mboungou, chef du Parti politique La Chaine, a fait son come-back médiatique, le 14 décembre 2024 au siège de son Parti du centre-ville de Brazzaville, à travers une conférence de presse. Conférence de presse qu’il a intitulée « L’Etat congolais est en pleine ruine ». Dans son adresse devant la presse, Kignoumbi Kia Mbougou effectué une grande réflexion sur la situation chaotique dans lequel le pouvoir et son gouvernement ont plongé notre pays, le Congo. L’opposant a fait un réquisitoire contre la mauvaise gouvernance, il a dit haut et fort et sans langue de bois que, le pays va très mal et risque une implosion sociale et suggère la réduction du train de vie de l’Etat. Ce, afin de générer quelques subsides pour renflouer les caisses de l’Etat, asséchées.

Dès l’entame de son propos et profitant de l’occasion, Joseph Kignoumbi Kia Mboungou a usé des Saintes Ecritures pour présenter des excuses à l’ensemble du Peuple Congolais, pour avoir gardé si longtemps ce silence, qui est devenu selon lui, un silence coupable, surtout avec la situation de péril que court le Congo.

« Mais peut-être faut-il comprendre que comme dit l’Ecclésiaste au chapitre 3 : ’’Il y a un moment pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel’’ ; au verset 7 de ce même chapitre, il est précisé : ’’Il y a un temps pour se taire et un temps pour Parler’’ », a-t-il déclaré.

Faisant une analyse exhaustive de la situation socio-politique du pays, observant avec patience et grand intérêt l’évolution de la vie politique, sociale et économique, le président du Parti La Chaine, opposant de surcroit, a d’emblée fait un constat très amer.

« Comme on le voit, ce pouvoir travaille pour ruiner le pays, l’endetter, le déstructurer et rendre les Congolais totalement dépendants et mendiants dans le seul but de conserver ledit pouvoir. Devant ce péril de la Nation, je suis interpellé par ma conscience et par la Peuple Congolais. C’est la raison pour laquelle je tiens cette conférence de presse dont le titre est tristement évocateur de l’impasse dans laquelle se trouve malheureusement notre pays », a souligné d’emblée Joseph Kignoumbi Kia Mboungou.

Abordant la question épineuse sur la gouvernance actuelle, Joseph Kignoumbi Kia Mboungou a structuré son analyse sur trois volets : il a dans un premier temps évoqué le constat d’une situation inédite et très alarmante de ruine que traverse actuellement l’Etat congolais et le message sur l’Etat de la Nation, prononcé par le Président de la République, à l’occasion de la commémoration de la journée de la proclamation de la République, le 28 novembre dernier. Ensuite, il a énuméré quelques causes de cette ruine. Et enfin, le conférencier a exploré ou proposé quelques pistes de solutions qu’il a qualifié d’urgence nationale, en l’occurrence, la réduction du train de vie de l’Etat, la réduction du nombre des ministres à 25 membres du gouvernement, au lieu de la quarantaine actuelle.

Joseph Kignoumbi Kia Mboungou a fustigé l’état actuel de la déliquescence du Congo, en rappelant que, depuis huit (8) déjà, le pays est profondément défaillant, malade sur tous les plans :

« Sur le plan financier nous faisons face à une crise financière qui s’est transformée en cessation de paiement. En effet, l’Etat congolais vit depuis le début de l’année 2024, particulièrement, la plus grande crise financière de son histoire post indépendance. Les finances publiques vont très mal sous l’effet conjugué du surendettement du pays et d’une gouvernance mal éclairée », a-t-il exposé.

« Ce surendettement explique malheureusement aujourd’hui, la multiplication des problèmes d’insolvabilité et de défauts de liquidité qui ont plutôt servi à enrichir les hommes du pouvoir et les écuries, en vue de la conservation du pouvoir, en se transformant en un état de fausse cessation de paiement », a-t-il révélé.

« Cet état de fausse cessation de paiement a été voulu et préparé, pour rendrez les Congolais mendiants et nécessiteux, induisant ainsi, l’accumulation d’impayés dans le règlement des créanciers et des salaires dans la quasi-totalité des secteurs publics de la vie nationale, à savoir : l’Assemblée national, le Sénat, le Gouvernement, la Cour constitutionnelle et même, la Présidence de la République ; les hôpitaux : le CHU, Adolph Cissé, Dolisie, Edith Lucie Bongo, Makélékélé ; l’Université Marien Ngouabi, d’ailleurs en grève et sous la menace d’une année blanche ; les mairies et les morgues ; les bourses d’études, en abandonnant surtout les étudiants à l’étranger à la prostitution et à la mendicité ; les pensions de retraites ; les travailleurs du Chemin de fer  et des ports de Brazzaville, d’Oyo, de la STUP de Brazzaville et ceux de Pointe-Noire » , a-t-il démontré avec force détail.

L’opposant congolais a également rappelé que la situation à laquelle l’Etat congolais est confronté aujourd’hui avait en effet déjà montré des signes avant-coureur dès 2013 et surtout en 2017 ; 2018 et 2019, sous l’effet conjugué de la volatilité des cours du baril de pétrole et de la faiblesse du secteur non pétrolier, pourtant à fort potentiel.

Par conséquent, « Aujourd’hui, le Gouvernement est dans le mur et donc, dans l’incapacité de payer avec ses ressources disponibles ses dettes et financer le développement », a expliqué Kignoumbi Kia Mboungou.

« Malgré la crise structurelle de l’emploi vécue par de nombreux jeunes Congolais, le Gouvernement préfère relever l’âge d’admission à la retraite, ce qui ne permet pas à ces jeunes d’accéder à la vie active tout en les maintenant sous dépendance moyennant tee-shirts et petits subsides particulièrement au moment des campagnes électorales dont la ruse consiste à les faire vivre de faux espoirs par des slogans creux tels que : année de la jeunesse ; agriculture, priorité des priorités ; autosuffisance alimentaire d’ici à l’an 2000 ; émergence en l’an 2025, etc. », a-t-il déploré.

Cependant, malgré ces constatations malheureuses sur la gouvernance du pays, le président de La Chaine, Joseph Kignoumbi Kia Mboungou n’a pas hésité à faire des propositions, afin d’éviter les catastrophes.

Le chef du Parti La Chaine propose quelques pistes de solutions.

« Je me suis sérieusement penché sur la situation d’un Congo profondément malade et le verdict ou les prescriptions du docteur des solutions est tombé : « Il faut placer le Congo en soins intensifs ». Et mes prescriptions appellent des solutions drastiques, courageuses et urgentes pour assainir nos finances publiques », a-t-il fait savoir et fait comprendre.

« En voici quelques pistes de solutions que je qualifie d’urgence nationale :  diminuer drastiquement le train de vie de l’Etat par le passage de l’actuel Gouvernement pléthorique de 38 membres à un gouvernement de 25 au maximum. Ainsi fait, sur une année, nous pourrions réaliser une économie de charges de fonctionnement d’une dizaine de milliards de F.CFA au bas mot ; pour voir un peu mieux les choses dans une bien meilleure perspective, il faut nécessairement faire un audit des possibilités financières de l’Etat et de l’ensemble des engagements publics afin d’avoir une situation financière nette du pays et bien entendu avoir une idée nette de ses possibilités réelles ; passer par la maîtrise et la rationalisation de la Dépense publique afin de poursuivre deux objectifs : en matière de maîtrise des dépenses, il faut en finir avec des évaluations approximatives car elles doivent être connues de manière exhaustive ; en matière de rationalisation, toute dépense doit avoir une justification d’efficacité. Autrement dit, elle doit être purement et simplement supprimée ; renoncer systématiquement au recours à l’endettement, au risque de rendre encore et encore plus explosif notre surendettement ; négocier des moratoires de règlement de notre dette publique avec nos créanciers en tenant bien évidemment compte du résultat de l’audit commandé que j’ai signalé précédemment au point 2 ; rétablir l’autorité de l’Etat en s’appuyant sur un système judiciaire implacable qui a mission de débusquer tous les détourneurs de deniers publics, avec un objectif clair de tolérance zéro ; prescrire aux régies financières la mission d’explorer de fond en comble toutes les possibilités d’entrée de fonds au bénéfice du Trésor public, avec des objectifs mensuels précis et une obligation de résultats ; observer rigoureusement la doctrine d’unicité de caisse en matière de recettes publiques, car il faut en finir avec la pratique des caisses parallèles ; supprimer certaines gratuités accordées à l’élite politique et militaire nationale (électricité, eau …) ; donner une certaine souveraineté dans la gestion de nos ressources naturelles et de certains partenariats qui sont encore liés malheureusement aux accords coloniaux ou aux accords dont nous subissons la loi des partenaires plus forts (exemple, l’obligation d’ouvrir notre économie aux entreprises françaises en priorité, la loi sur la non double imposition qui n’apporte rien au Congo, sauf à l’ancienne puissance coloniale qu’est la France …) », a préconisé le président de La Chaine, Joseph Kignoumbi Kia Mboungou.

VALDA SAINT-VAL/Les Echos du Congo Brazzaville