Sénégal : l’opposant Ousmane Sonko condamné en son absence à 2 mois de prison avec sursis

L’opposant sénégalais, Ousmane Sonko, 48 ans, a été condamné en son absence à 2 mois de prison avec sursis et 200 millions de francs CFA de dommages et intérêts pour diffamation, suite à une plainte déposée par le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang. Après trois reports, le procès s'est finalement déroulé ce jeudi 30 mars 2023.

Pour les avocats de Mame Mbaye Niang, le jugement est une « victoire ». Et c’est aussi une « décision mesurée », un « verdict d’apaisement » selon Maître Pierre Olivier Sur, car Ousmane Sonko « ne perd pas ses droits civils et politiques ». La condamnation ne l’empêche donc pas d’être candidat à la présidentielle. Ce que confirme un avocat de la défense.

Des avocats d’Ousmane Sonko qui avaient quitté la salle d’audience avant le jugement ont notamment dénoncé une violation des droits de la défense, avec la suspension d’un des leurs par l’ordre des avocats, et le refoulement la nuit dernière de l’avocat français Me Juan Branco à l’aéroport de Dakar. Aucun motif officiel n’a été avancé à ce stade.

Le jugement a été rendu dans un tribunal et une capitale placée sous très haute sécurité.

Dakar a tourné au ralenti, avec commerces et écoles fermées, transports suspendus, ou encore interdiction de circuler pour les motos par crainte de troubles.

Une autre procédure judiciaire vise l’ancien inspecteur des impôts qui veut briguer la présidence du Sénégal en 2024, pour des accusations de viols.

Aucune date n’a été fixée pour un procès dans ce dossier.

Figure d’une jeunesse en quête de changement

Élu député en 2017, il se montre à l’aise sur les plateaux de télévision et souriant lors de rencontres avec les militants. Ousmane Sonko sait utiliser des phrases chocs, et s'oppose au récit officiel d’un Sénégal "sur la voie de l’émergence", promesse de Macky Sall.

En 2019, il se lance dans la course à l’élection présidentielle. Son discours séduit la jeunesse. "Il s’adresses aux jeunes avec des propos en faveur de la souveraineté économique, du patriotisme, tout en critiquant la gouvernance de l’État", poursuit Babacar Ndiaye. "Il est arrivé avec un discours de changement et cela a rencontré une forme d’adhésion des jeunes. Et surtout, il n’est pas un "politicien". Mais ses détracteurs lui reprochent son manque d'expérience et ses discours fracassants.

Le 24 février 2019, il termine à la troisième place de la présidentielle avec 15,67 % des voix, derrière le président sortant Macky Sall et l'ancien Premier ministre Idrissa Seck.

En 2022, il est élu maire de Ziguinchor, après avoir constitué la coalition Yewwi Askan Wi – YAW, Libérons le peuple en langue ouolof – avec plusieurs membres de l’opposition, dont l'ancien maire de Dakar Khalifa Sall.

As des réseaux sociaux, Ousmane Sonko s'exprime très régulièrement en live sur sa page Facebook pour toucher une large frange de la population sénégalaise, rendant le reste de la classe politique et ses méthodes de communication ringardes.

Loin du virtuel, Ousmane Sonko sait aussi galvaniser les foules.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville