France - Les cérémonies du 10 mai placées sous le signe des valeurs de la République

La 12ème « Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions » a été célébrée sous le signe des valeurs fondamentales de la République Française. Nous avons assisté à la cérémonie de Savigny-le-Temple en Seine et Marne.

Un bloc de granit portant une plaque présentant deux mains libérées de leurs chaînes, c'est au pied de cette stèle en mémoire de l'abolition de l'esclavage, dressée à l'angle de l'avenue Victor Schoelcher, dans le quartier dit des Droits de l'Homme de Savigny-le-Temple que s'est déroulée la cérémonie seine-et-marnaise.

Le préfet du département, Jean-Luc Marx, le délégué interministériel à l'égalité des chances pour les Français d'outre-mer, Jean Marc Mormeck, la maire de Savigny-le-Temple, Marie-Line Pichery, les élus, les anciens combattants, les associations de la ville ainsi que les citoyens ont marqué de leur présence la perpétuation de cette « œuvre de vérité, l'abolition de la traite et de l'esclavage. »

Dépots des gerbes de fleurs par les différentes autorités présentes à la cérémonie.

Après la minute de silence en mémoire des victimes, puis la déclame du poème « Debout la négraille » d'Aimé Césaire, sur fond des chants du groupe de gospel, est venu le temps des allocutions.

Dans la première, madame la maire de Savigny-le-Temple qui a dépeint cette tragédie ancrée dans la mémoire collective, a rendu hommage aux hommes et femmes, au nombre desquelles Christiane Taubira, qui se sont battus afin que nul n'oublie.

Puis elle a mis en garde sur ce que le repli identitaire et la haine de l'autre ou les maltraitances sont les prémices d'un esclavage moderne que tous doivent combattre.

Lui succédant, le préfet de Seine-et-Marne Jean-Luc Marx a appelé au devoir de mémoire. « Il faut se souvenir et informer les jeunes générations de ce que fut la traite et l'esclavage. Il faut songer aux souffrances endurées, aux déportations brutales, aux humiliations subies, aux violences infligées et à la cohorte innombrable de morts anonymes. »

Puis de citer Victor Schoelcher : « Que l'esclavage soit ou ne soit pas utile, il faut le détruire ; une chose criminelle ne doit pas être nécessaire. La violence commise envers le membre le plus infime de l'espèce humaine affecte l'humanité toute entière. La liberté d'un homme est une parcelle de la liberté universelle, vous ne pouvez toucher à l'une sans compromettre tout à la fois ».

Jean-Luc Marx a formulé le vœux que la portée citoyenne de cette commémoration puisse prendre une dimension universelle qui trouve son prolongement au delà de la France, dans la lutte contre les esclavages contemporains. Il a rappelé que « les formes d'asservissement modernes sont les réseaux de prostitutions, le travail des enfants et l'immigration clandestine qui continuent aujourd'hui encore, d'insulter la dignité humaine ».

Exécution de l'hymne national « La Marseillaise ». La cérémonie s'est achevée par une soirée de chants et danses du « voyage de non retour », au collège de La Grange du Bois, avec surtout des textes d'Aimé Césaire qui ont continué de résonner en écho.

« La négraille assise

inattendument debout

debout dans la cale

debout dans les cabines

debout sur le pont

debout dans le vent

debout sous le soleil

debout dans le sang

debout et libre …. »

Reportage à Savigny-le-Temple de Benoît BIKINDOU