RDC – Situation politique : Ainsi se joua le sort de Patrice Lumumba et compagnons

La république démocratique du Congo est entrée à partir de ce lundi 19 décembre dans une période d'incertitudes et de potentielles turbulences, avec la fin officielle du mandat de Joseph Kabila. De partout, les occidentaux qui ont convié leurs ressortissants à évacuer la zone font monter la pression, comme s'ils incitaient à la confrontation.

« Si je meurs, c'est parce qu'un blanc a armé la main d'un noir comme moi pour me tuer ». Ces mots de Patrice Lumumba sont plus que jamais d'actualité, au regard de la situation en cours en RDC.

Entre gel des avoirs, restriction de déplacements et autres sanctions diverses à l'encontre des officiels congolais, il ne se passe pas un seul jour sans qu'une capitale occidentale ne fasse monter les enchères sur Kinshasa, au grand confort de l'opposition qui y trouve un soutien inespéré, au point que dans les négociations avec le pouvoir, elle tient des positions radicales et inflexibles du genre « Kabila doit partir ! ».

C'est à se demander si l'histoire qui s'écrit en RDC, ne l'est pas sous la dictée de Bruxelles, Washington ou Paris, reléguant en arrière plan toute initiative de l'Union africaine, comme c'en fut le cas pour la Libye de Kadhafi ou la Côte d'Ivoire de Laurent Gbagbo.

Sans préjuger des conséquences des crises libyenne et ivoirienne, les occidentaux agissent une fois de plus comme si « quelque chose dépassait en valeur la vie humaine », surtout celle des congolais.

Mais alors quoi ? Ce n'est assurément pas l'idéal politique d’Étienne Tshisekedi, Martin Fayulu ou autres Moïse Katumbi qui les motiverait.

Pendant que la RDC sera à feu et à sang du fait de la radicalité des uns et des autres, les compagnies minières opérant dans le pays continueront de faire fructifier leurs affaires, à vil prix même.

La situation en RDC ne paraît pas insoluble, si chacune des parties y mettait un peu de bon sens, plutôt que de camper sur l'alternance absolue ou le maintien quoi qu'il en coûte au pouvoir.

Juste un peu de bon sens, pour lire « à charge et à décharge » pour les uns et les autres, la constitution même du pays qui serait la pomme de discorde.

Il est vrai selon la constitution qu'à partir du 19 décembre, le mandat officiel du président Kabila prend fin. Il est aussi vrai que cette même constitution stipule que ce président en fin de mandat transmettra le pouvoir à son successeur élu.

Pourquoi donc l'opposition en RDC aurait-elle une lecture parcellaire de la constitution, n'insistant que sur ce qui l'arrange et récusant ce qui la dessert et arragerait Kabila ?

Entre le bon sens et l'alternance absolue, la RDC est à la croisée des chemins. Mais combien de cadavres encore sur ce chemin ? Beaucoup, si les vertus du dialogue à l'africaine ne s'invitent pas dans le cœur de ses leaders politiques.

À l'heure où les habitants d'Alep désabusés par une communauté internationale qui leur avait promis monts et merveilles se retrouvent lâchés par les occidentaux du fait que leurs conflits d'intérêts dépassent en valeur la vie des syriens, il y a de quoi pour les congolais, de trouver une solution à l'africaine et qui fasse pour une fois au moins l'économie des morts.

Patrice Emery Lumbumba et ses compagnons n'auraient sans doute pas connu leur sort tragique si les congolais s'étaient écoutés entre eux, plutôt que d'en référer à Bruxelles qui se souvint alors que le Congo était propriété du roi des belges. 

Benoît BIKINDOU