RDC – Tensions politiques : Vendetta à Kinshasa, les pro Kabila brûlent les sièges des partis d'opposition

Le calme tarde à revenir dans la capitale congolaise selon l'opposition, qui affirme que plusieurs sièges de partis politiques ayant appelé à manifester ont été attaqués au petit matin, mardi.

« Des hommes de la garde républicaine lourdement armés ont attaqué le siège de l’UDPS à Limete en pleine nuit et y ont mis le feu » confiait Augustin Kabuya, chargé de la communication de l’UDPS, le parti d’Étienne Tshisekedi, mardi.

Dans les locaux en feu, des témoins ont vu deux corps carbonisés, deux autres personnes brûlées vives et un homme grièvement blessé à la tête allongé à terre.

Dans l’enceinte du bâtiment, des bidons d’essence renversés témoignaient du caractère criminel de l’incendie.

Les sièges du FONUS (Forces novatrices pour l’union et la solidarité) et du MLP (Mouvement Lumumbiste Progressiste), situés sur l’avenue de l’enseignement, près du stade des martyrs, ont également été brûlés aux alentours de 4h00 du matin.

Malgré cette expédition punitive, le Rassemblement de l’opposition appelle les Congolais à poursuivre la mobilisation pour demander la convocation des élections présidentielles dans les plus brefs délais.

« Compte tenu de la rupture de confiance introduite par la violence du pouvoir et en mémoire de nos victimes innocentes (…) le Rassemblement appelle toute la population à se rassembler dès mardi 20 septembre 2016 pour poursuivre sans désemparer les revendications ».

S’exprimant à la tribune de l’Organisation des nations unies, François Hollande a dénoncé des violences « inadmissibles, insupportables », et des victimes « provoquées par des exactions venant de l’État congolais lui-même. » « La Constitution doit êtrerespectée, les élections doivent se tenir », a-t-il ajouté.

Lundi, au moins quatorze civils et trois policiers ont été tués au cours des violences qui ont opposé des manifestants à des policiers anti-émeutes dans la capitale, selon le ministère de l’intérieur congolais.

L’opposition a évoqué pour sa part « plus ou moins 80 morts », d’après Bruno Tshibala, le porte-parole de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

De son côté, l’ONG Human Rights Watch a déclaré disposer d’« informations crédibles » indiquant qu’au moins 44 personnes avaient été tuées par les forces de sécurité : 20 personnes lundi et 17 autres dans la nuit puis mardi. Six policiers ont également été tués.

L’Église catholique en République démocratique du Congo a annoncé qu’elle suspendait sa participation au « dialogue national » en cours pour tenter de sortir le pays de la crise politique, « afin de faire le deuil ».

Benoît BIKINDOU