Gabon – Cour constitutionnelle : Marie-Madeleine Mborantsuo confrontée au ''jugement de Salomon''

Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente de la Cour constitutionnelle gabonaise, est au centre de toutes les attentions. De la décision qu'elle prendra, dépendra la survie du Gabon. Une lourde responsabilité. Sans doute lit-elle désormais la bible, notamment le livre 1 Roi chapitre 3, versets 16 à 18.

D'ici le 23 septembre, cette magistrate de 61 ans devra rendre le verdict de la Cour concernant les résultats controversés de l'élection présidentielle du 27 août.

Selon les chiffres officiels la victoire à la présidentielle revient à Ali Bongo Ondimba face à son rival Jean Ping.

Marie-Madeleine Mborantsuo confirmera-t-elle ces résultats provisoires, ou bien tranchera-t-elle en faveur d’un recompte des voix dans sa région natale, le Haut-Ogooué, comme le demandent à la fois l’opposition et une grande partie de la communauté internationale, la question reste posée avec toutes les pressions à charge et à décharge alors que l’opposition accuse l’instance qu'elle dirige de partialité.

Selon Marie-Madeleine Mborantsuo, ''le recours déposé par Jean Ping a été enregistré au greffe de sa juridiction et immédiatement notifié à la partie défenderesse, c’est-à-dire Monsieur Ali Bongo Ondimba, déclaré provisoirement élu par la Commission électorale nationale autonome et permanente. Les juges rapporteurs chargés de l’instruction du dossier sont à pied d’œuvre et examinent non seulement les moyens de droit et les pièces jointes au dossier mais également les mémoires en défense qui ont été communiqués par les avocats de la partie défenderesse.

'' Et de préciser. ''S’agissant de l’élection présidentielle, la cour dispose de quinze jours pour statuer à compter de la date d’enregistrement au greffe. Nous espérons donc que d’ici à la semaine prochaine, la Cour pourra vider sa saisine.

Jean Ping a adressé à la cour constitutionnelle une sorte de mise en garde, lui enjoignant de décider en fonction de ce qu’il perçoit comme étant la vérité des urnes. Marie-Madeleine Mborantsuo reste impassible même si par delà les pressions, son jugement fera jurisprudence, à l'instar du jugement de Salomon. Aussi, les propos de Jean Ping ne l'intimident pas, outre mesure.

''Nous pensons que ce n’est qu’un excès de langage. Vous faites bien de dire qu’il s’agit de « sa » vérité. Ici, il n’y a pas deux vérités. Nous examinons les faits à partir des procès-verbaux que la Cenap nous fait parvenir en sa qualité de principal organisateur du scrutin. Nous travaillons également en fonction des pièces que nous communiquent Monsieur Ping mais aussi Monsieur Bongo Ondimba. Les injonctions d’un candidat, quel qu’il soit, ne rentrent pas dans le cadre d’une procédure judiciaire normale. La Cour ne statue pas en fonction des injonctions de l’une ou de l’autre partie. Elle le fait au vu des dossiers qui lui sont soumis. Les membres de la Cour sont sereins. Ils examineront les recours comme la procédure le prévoit. »

Sauf que dans les deux camps où l'on s'accuse mutuellement de tricherie, le verdict sera difficile à faire accepter à l'un ou à l'autre, selon qu'il sera en sa faveur ou sa défaveur.

Entre-temps, comme le roi Salomon en son temps, Marie-Madeleine Mborantsuo a dans ses mains le ''bébé Gabon'' qui ne peut revenir de droit qu'à l'un des deux protagonistes. L'un d'eux acceptera t-il de se transcender pour la survie du bébé?

On est loin d'avoir dit amen !

Benoît BIKINDOU