Congo : Manucure, pédicure - Quand l'esthétique gagne les rues de Brazzaville

Nos pieds sont trop souvent les grands délaissés de notre routine de soins. Rien de mieux qu’une pédicure faite par des professionnels afin de leur redonner toute l’attention qu’ils méritent. Pour les chouchouter, les soins ne se font plus seulement dans les salons de beauté à Brazzaville. Avec 1000 F ou 2000 F CFA et pour à peine cinq minutes, le client a des ongles propres et taillés à volonté. Et le jeune esthéticien ambulant, Christian, 21 ans, de nationalité congolaise, continue sa tournée. Ce spécialiste d'un genre nouveau arpente de plus en plus les rues de la capitale congolaise depuis deux ans. Dans les marchés, chez des particuliers et même à bord de véhicules, ce jeune habitant du quartier la Base, sur la route de la Mairie de Mfilou-Ngamaba, dans le 7e arrondissement de Brazzaville, assis face à ses clients, offre des services de manucure et de pédicure.

Christian parcourt la ville de Brazzaville chaque jour, à la quête d'éventuels clients. L'attirail du parfait esthéticien ambulant se résume à quelques ciseaux, un morceau de chiffon, une petite boîte en plastique contenant un liquide moussant et une grande paire de pinces…

Depuis deux ans, il est visible et présent dans les rues de la capitale congolaise.

Rencontré dimanche après-midi au quartier Batignolles dans le Sud ouest de Brazzaville, Christian a accepté de lever un coin de voile sur ce métier qui lui permet de joindre les deux bouts.

«Je demande juste 1000 FCFA pour le vernis simple sur les deux mains et les deux pieds, et 1000f à 2000f pour la pause des faux ongles », nous a confié le jeune esthéticien ambulant, sourire aux lèvres.

Après deux ans, il affirme ne pas se plaindre d’avoir opté pour ce métier de manucure-pédicure. Car, il lui rapporte quotidiennement en moyenne plus de 10.000 F CFA. Ce qui lui permet de subvenir à ses besoins, ainsi qu'à ceux de sa famille.

Christian qui exerce cette activité avec force et détermination, trouve qu'elle nourrit son homme.

Si la pédicure-manucure se fait avec beaucoup de soins et d'attention dans les salons d'esthétique, ce n'est toujours pas le cas chez ces "coupeurs d'ongles".

Le matériel utilisé est parfois vieux, mal stérilisé ou pas stérilisé du tout.

Malgré cela, certains clients habitués de ces manicures- pédicures particulières, trouvent qu'il n'y a rien à craindre.

Selon Tercia, « deux fois dans la semaine, Christian viens me faire tailler les ongles à la maison. C'est un connaisseur et il ne m'a jamais blessé ».

Il lui retire à l'aide d'une pince les cuticules qui bordent ses ongles avec une précision chirurgicale. Tercia aura droit à tout ou presque.

Un moment de réconfort pour ses pieds, ce qui les débarrasse de leurs peaux mortes. Les ongles de Tercia profitent ensuite d’un soin des cuticules, et à la fin, un modelage relaxant et nourrissant à la lavande lui permet de retrouver le confort d’une peau douce et souple.

«Que voulez-vous qu’on fasse quand la misère fait rage ? Nous voyons très bien les salons de pédicure-manucure. Mais avec le coût exorbitant de leurs soins, nous sommes obligés d’avoir recours à ces coupeurs d’ongles ambulants qui nous font la pédicure-manucure à 1000 F CFA », a ajouté Tercia avec humour.

Pour éviter d'éventuelles contaminations, les clients doivent exiger des mesures hygiéniques plus rigoureuses. Ne dit on pas que mieux vaut prévenir que guérir ?

On rappelle que plus de la moitié de la population brazzavilloise a moins de 18 ans. La plupart sans éducation ni formation.

Nombreux sont devenus des « Bébés noirs » ou « Kuluna » pour fuir les abus et la pauvreté.

L’exemple de Christian, devrait faire école car : « Il n’y a pas de sot métier, il n’y a que de sottes gens. », Tout métier a une valeur et requiert des qualités chez le travailleur.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville