Congo – Finances publiques : La taxe ''passager routier'', une niche en friche

Le maillage du Congo à travers un réseau routier desservant les grandes agglomérations a fait naître une activité des plus florissantes, celle de transport de voyageurs par autocars. Sur l'axe Brazzaville-Pointe-Noire, l'arrêt du trafic du CFCO est de pure aubaine pour les transporteurs. Il en est de même sur la nationale 2, jusqu'à Ouesso et au delà. Mais, que gagne l'État, lui qui a construit et entretient les routes ?

Il est d'usage pour tout voyageur embarquant sur les lignes intérieures, dans les aéroports du Congo, de s'acquitter d'une taxe aéroportuaire au taux de 1000 Francs CFA, soit 1 euro 50.

Même si sa mise en place, en son temps par le ministre d'État Isidore Mvouba avait donné lieu à une levée de bouclier de la part des usagers du transport aérien, cette taxe a depuis, intégré les mœurs et au regard des infrastructures qui nécessitent un entretien permanent, presque plus personne ne rechigne à s'acquitter de sa taxe qui pour certaines compagnies, est incluse dans le prix du billet.

Ce qui vaut pour les aéroports peut bien l'être aussi pour les routes, sur lesquelles l'État a consenti d'énormes investissements et dont l'entretien est tout aussi coûteux.

Les véhicules empruntant les différentes routes bitumées desservant l’hinterland s'acquittent d'une taxe en des points de péages bien définis. Cependant, il n'en est rien pour le voyageur, qui outre le billet dont il s'acquitte auprès du transporteur, bénéficie gratuitement des infrastructures, quand on sait que de nombreux congolais ne paient pas l'impôt mais profitent des fruits générés par celui-ci.

L'instauration d'une taxe ''passager routier'', permettrait à l'État de disposer tant soi peu d'une rente sur investissement routier, mais aussi de disposer de statistiques fiables du trafic voyageurs, au niveau des services des régies financières qui collecteraient ladite taxe.

De même, le contrôle des voyageurs permettrait la tenue de manifestes pour les personnes à bord de chaque véhicule, un aspect sécuritaire souvent négligé.

En ces temps où l'on parle de diversification des ressources pour les finances publiques, la taxe ''passager routier'' représenterait une entrée substantielle, et le flux de passagers désormais croissant du fait de la quiétude retrouvée dans la traversée du Pool, rendrait la ressource exponentielle.

Afin de rendre la taxe acceptable de tous, 500 Francs CFA serait un prix raisonnable et surtout de bon sens.

L'État a construit les routes, puissent les citoyens empruntant celles-ci, y contribuer même symboliquement à le lui rendre, à travers un denier, aussi petit soit-il.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville