Congo – Transport aérien : La desserte de Brazzaville ne ferait plus recette

« Naviguer à perte », tel est le constat qu'auraient dressé certaines compagnies aériennes qui desservent la capitale congolaise Brazzaville. Trois d'entre elles ont déjà fermé leurs guichets, d'autres aspirent à le faire.

Si l'on y prend garde, rallier Brazzaville par avion depuis l'étranger, ou en partir, relèvera bientôt d'un véritable parcours de combattant, avec une irrégularité dans la desserte et des prix qui risquent de grimper.

De nombreuses compagnies aériennes se plaignent du taux de remplissage trop bas des aéronefs, qui oscillerait entre 10 et 25% dans la capitale congolaise.

Faute de rentrer dans leurs frais et afin de ne pas compromettre dangereusement leurs activités par une escale désormais non rentable, les compagnies South African Airways, Air Ivoire et Camair-co ont suspendu la desserte de Brazzaville. D'autres comme Kenya Aiways et Ethiopian Airlines sont dans l'expectative, alors que la compagnie angolaise Taag n'assure désormais que des vols en direction de Pointe-Noire, la desserte de Brazzaville étant suspendue.

Seules les compagnies Air France et Rwandair ont pour l'instant gardé intacte la fréquence de leur desserte au Congo, même si de ce coté non plus les taux de remplissage ont significativement chuté.

Deux raisons essentielles expliquent ces contre-performances. Il y a d'abord le flux de voyageurs en partance ou au départ de Brazzaville.

La dépréciation considérable de l'activité économique, avec la réduction ou la perte d'activité de nombreux commerçants qui exerçaient en direction de l'Afrique de l'ouest ou de l'Asie. Ethiopian Airlines par exemple tirait l'essentiel de sa clientèle à partir de son hub d'Addis-Abeba, des voyageurs en partance pour la Chine ou Dubaï, ou qui en étaient de retour.

Pour ces commerçants prestant parfois pour des sociétés d'État et dont les voyages étaient soutenus par un rythme régulier, les affaires sont quasiment à l'arrêt.

L'autre raison est purement logistique. Les pénuries fréquentes de kérosène à Brazzaville et à Pointe-Noire ainsi que les taxes aéroportuaires jugées trop élevées alourdissent les charges d'exploitation des compagnies et ne sont pas de nature à y encourager l'activité.

Outre les voyageurs qui risquent d'en payer le prix fort, cette baisse du trafic desservant Brazzaville à de lourdes incidences sur le chiffre d'affaire de AERCO, la société gestionnaire des aéroports du Congo. Celle-ci a déjà réduit de 30% ses charges de personnels. Il est à craindre des tensions sociales en perspective.

Bertrand BOUKAKA