Brazzaville – Coût de la vie : Le panier de la ménagère de plus en plus difficile à garnir

Faire le marché pour nourrir sa famille en fonction de ses disponibilités financières souvent modestes et du coût des produits de première nécessité, relève désormais d'une véritable prouesse pour les brazzavillois. Entre grogne et impuissance, tous interpellent les pouvoirs publics.

« Le panier de la ménagère», c'est en ces termes que les congolais désignent le rapport entre les produits sur le marché et leur prix moyens, accessible par tous.

Jamais ce panier ne s'est autant déprécié, au point que « faire son marché » devient un exercice difficile, même pour les « classes moyennes », naguère mieux nanties.

Dans les marchés, les prix des produits ont explosé au point qu'ils donnent le tournis aux acheteurs obligés d'user d’arithmétique et de calculs mentaux entre les étals et chalands pour adapter la bourse au prix des produits, divisé par le nombre de bouches à nourrir, en misant que la part de chacun reste tant soit peu convenable.

Addition, soustraction, multiplication, division, toutes ces notions sont désormais d'application pratique dans les marchés pour les acheteurs, mais aussi les vendeurs qui par delà les prix apparemment exorbitants, doivent garantir les marges bénéficiaires.

La durée moyenne d'une femme au marché a plus qu'explosé les records d'il y a plusieurs décennies, quand les plus organisées faisaient leur marché au pas de course, liste à la main, les prix presque connus à l'avance, la mercuriale aidant. Cela, c'est du domaine du passé.

Désormais, tous se plaignent. Il est quasiment impossible de nourrir décemment une famille de 4 personnes avec 5000 francs et miser sur la viande, le poisson ou le poulet, l'accompagnement, notamment le manioc, la banane plantain ou la farine de foufou et les condiments.

Ne parlez surtout pas de dessert, c'est devenu un luxe, avec 200, voire 300 francs la mangue, 1000 francs pour cinq doigts de bananes ou 2000 francs pour cinq oranges en pleine saison.

Même l'achat des légumes naguère dits « nourriture des pauvres » ainsi que le chantait Franklin Boukaka, exige de débourser conséquemment. Et dire que les enfants n'en sont pas du tout friands.

Même avec un revenu de 300.000 francs CFA le mois, une famille de quatre personnes, composée de papa, maman et deux enfants, peine à nouer les deux bouts du mois, surtout si en plus elle est locataire.

Outre la dépense de nourriture qui oscille entre 150 et 175.000 francs par mois, mal de tête garanti, il faut tabler sur 50.000 francs au moins, pour le prix moyen d'un logement de 3 chambres, dans les quartiers périphériques. Ajouter à cela les 30 à 40.000 francs de déplacements mensuel par bus pour monsieur et madame, hors période de « demi-terrain ».

Que dire de la scolarité des deux enfants qui, s'ils sont au lycée public, doivent se déplacer par bus pour un montant similaire à celui des parents. Il n' y a plus rien pour la facture d'eau ou d'électricité qui du fait des délestages ne permet pas de faire des réserves en produits frais.

N'oubliez pas d'éventuels frais de santé, les loisirs, sans compter qu'il faut aussi soutenir quelques membres de la famille élargie pour lesquels on a une obligation morale ou coutumière, même si se vêtir peut attendre. C'est à devenir fou.

Désormais, les congolais ne s'en cachent pas. Ils pointent les pouvoirs publics dans la dépréciation de leurs conditions de vie. Les salaires ne sont pas en adéquation avec le coût des besoins vitaux.

Et si cette situation expliquait entre autres, la corruption tant décriée, qui pour beaucoup devient une alternative pour arrondir les angles ?

Bertrand BOUKAKA