Alors qu'ils sont au cœur du confort financier de l'État en ces temps où le pétrole ne fait vraiment pas recette, le ministre congolais des Finances, Christian Yoka, a sensibilisé les agents des douanes du Kouilou aux effets néfastes de la corruption sur la croissance du pays.
« Je ne suis pas ravi. Après six mois en fonction, ce qui me remonte de ce département n’est pas positif. Trop d’allusion à des fraudes…On ne peut pas continuer comme ça », a martelé Christian Yoka, lors d’une visite de travail à Pointe-Noire.
L’argentier du Congo qui a révélé l’ampleur du phénomène au sein de l’administration douanière, a promis de sanctionner, sans trembler , si rien ne change d’ici peu en ce qui concerne la corruption et d’autres pratiques contraires à l’éthique des agents des douanes au Kouilou.
L’une des difficultés à réformer l’administration congolaise vient de l’absence ou de la faiblesse des instruments appropriés de contrôle de l’action publique. Or, il existe une relation directe entre les mauvaises pratiques, la corruption et l’absence de résultats, de telle sorte qu’une amélioration de la gouvernance entraîne, en ce qui concerne la douane, un relèvement mécanique des recettes budgétaires et la facilitation des échanges.
La douane est régulièrement citée parmi les principaux terreaux de la corruption au Congo-Brazzaville. Les enquêteurs ont également découvert des modes de vie extravagants chez les douaniers. Certains d’entre eux possèdent des propriétés luxueuses à Pointe-Noire et dans d’autres villes du pays, ainsi que d’importants comptes bancaires. D’autres possèdent plusieurs terrains, des camions, des bus et plusieurs voitures de luxe.
En octobre 2024, six cadres des douanes ont été suspendus de leurs fonctions, selon une note de service signée le 9 octobre de la même année par le directeur général des douanes et droits indirects, Guenolé Mbongo Koumou.
A quelques exceptions près, la corruption est devenue endémique au Congo-Brazzaville et sévit à toutes les étapes de quelque processus que ce soit, particulièrement lorsque de fortes sommes sont en jeu.
Dans son message sur l’état de la Nation du 29 décembre 2018, le Président congolais avait déclaré que « Face aux antivaleurs, il n’y aura ni bouclier de protection pour les uns, ni rampe de sanctions pour les autres. Il n’y aura ni menus fretins, ni gros poissons, tout passera dans la nasse de la justice ».
Denis Sassou-N’Guesso avait rappelé que la Haute Cour de Justice qui venait d’être installée dans ses attributions devait être urgemment dotée de textes de fonctionnement, afin de s’atteler à sa mission de poursuites de hauts fonctionnaires en délicatesse avec la loi.
« Désormais, à tous les échelons de l’État, chaque acteur est exposé à la rigueur de la loi. Les têtes tomberont certes, mais dans le respect d’une justice indépendante, expurgée de toute pression », a-t-il dit.
Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville