Pêche à Brazzaville : jeunes et passionnés, ils sont la relève d’un métier à l’avenir incertain

Entre contraintes économiques, écologiques et conditions de travail difficiles, le secteur de la pêche peine à se renouveler. À Brazzaville, la capitale congolaise, les jeunes pêcheurs portent un regard inquiet sur l’avenir d’un métier, qu’ils n’abandonneraient pourtant pour rien au monde.

Au port de Yoro, dans le sixième arrondissement de Brazzaville, plusieurs pirogues amarrées témoignent de l’ancrage de la pêche sur le fleuve Congo, deuxième fleuve d'Afrique par sa longueur et son débit, et son bassin hydrographique le plus vaste du continent.

Ici, tout le monde se connaît. Dans les rangs, le vent de la jeunesse peine cependant à se faire sentir.

La cigarette à la bouche, trois vétérans du port discutent tout en profitant des rayons du soleil de ce mois de mars.

« Vous ne trouverez pas beaucoup de jeunes ici, on est tous vieux ! », glousse ironiquement l’un d’eux.

Derrière cet air amusé, se cache une véritable inquiétude pour une profession qui a du mal à trouver ses héritiers dans un pays où les poissons meurent de vieillesse, faute de pêcheurs.

Pourtant, malgré les multiples difficultés, elle attire encore quelques jeunes passionnés.

Entre ferveur juvénile et réalisme, ces nouveaux arrivants s’accordent pour dire que l’essentiel est de savoir dans quoi on s’embarque.

Josué Ibara, 35 ans,  baigne dedans depuis qu’il est né, avant même d’avoir appris à marcher. Il est issu d’une longue lignée de pêcheurs. Au début de ses études, il ne se destinait pas toutefois à perpétuer cette tradition familiale. « Quand je voyais mon père rentrer, fatigué après des heures de travail, cela ne me donnait pas envie. Lui-même me disait de ne pas le faire. »

Après l’université Marien Ngouabi et une licence en sciences économiques, il comprend que la vie de bureau n’est pas faite pour lui.

Finalement, sa première passion aura raison des mises en garde. « L’après confinement a été un déclic. J’ai accompagné mon père à la pêche et fini par prendre la décision d’en faire mon métier. » Il n’écarte pas non plus le poids de l’héritage. « J’avais aussi en tête que je pouvais être le premier de ma famille à ne pas suivre cette voie. Je pense que ça a eu une influence. Il m’est arrivé de ne pas aller à la pêche pendant un mois et demi et cela m’a démangé. J’ai ça dans le sang ».

La pêche sur le fleuve Congo est un joyau caché qui ne demande qu'à être découvert. Ces espèces halieutiques exploitées de façon irrationnelle jouent un rôle indéniable dans l’existence des populations riveraines, en leur procurant de la nourriture et des revenus.

A Brazzaville où la population vit sous le seuil de pauvreté, le poisson contribue de manière significative au développement et à la croissance de l’économie locale.

La bonne nouvelle ? Sur le fleuve Congo, on peut pêcher toute l'année. Toutefois, certaines périodes de l'année offrent des conditions plus idéales.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville

Photos : DR