« L’eau qui tombe goute à goute peut venir à bout du rocher. » Les agents de la Société Énergie Électrique du Congo, accompagnés de leur collège syndical viennent d’en donner la preuve, eux qui demandaient purement et pacifiquement l’annulation du contrat d’affermage signé entre le gouvernement et la société sénégalaise SENELEC, s’indignant du fait que cette société étrangère s’occupe du volet commercialisation et distribution du courant en République du Congo. Le carton rouge brandit à cet effet aura produit son effet. Acculé et surtout lâché par les institutions représentatives du peuple que sont l’Assemblée nationale et le Sénat, le gouvernement a mis fin au processus.
La déclaration de décès du contrat d’affermage qui aura tant fait couler encre et salive est venue de la primature sous forme d’injonction à l’endroit du ministre de l’Énergie et de l’hydraulique pour la « suspension du contrat d’affermage ».
Les choses ainsi présentées, c’est au ministre Émile Ouosso qu’est revenue la délicate mission de se renier, lui qui avait signé le contrat, d’informer la partie sénégalaise de la décision prise par Brazzaville, celle de la suspension du contrat. En quelque sorte, placer le dernier clou sur le cercueil.
Selon le porte-parole du collège syndical, le partenariat entre le Congo et la SENELEC ne serait pas clair car cette société sénégalaise est une entreprise fictive et n’existe donc pas. Par ailleurs, cette affaire du contrat d’affermage qui a fait monter de l’écume dans la société congolaise remonte du 13 février 2025. Il a été paraphé du côté de Brazzaville par le ministre Émile Ouosso et de l’autre par Pape Mamadou Diop, Directeur de la nouvelle société qui allait remplacer la E2C.
À travers cette convention signée en présence du Premier Ministre Anatole Collinet Makosso, le Congo devait céder la gestion, l’entretien et l’amélioration de la qualité de l’électricité à fournir aux usagers entre les mains des sénégalais bien que c’est l’État congolais qui devait définir les tarifs, assurait-on.
Cette suspension de contrat suite à la mobilisation des travailleurs d’E2C, soutenus par le peuple congolais, qui en dépit de ce qu’il peut reprocher à la société en terme de service, s’est solidarisé face au péril national, est une grande victoire pour le front syndical.
Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville