Une trentaine d'artistes francophones, dont Gims, Fally Ipupa , Dadju ou Soolking, se sont produits à guichets fermés, mardi soir, à l'Accor Arena, à Paris, à l'occasion d'un concert caritatif pour la paix en République démocratique du Congo.
« Ça montre que la musique peut rassembler tout le monde et surtout pour de nobles causes », a lancé le rappeur Soolking.
Accueilli en star, Fally Ipupa, vedette de la nouvelle pop congolaise, a lui appelé à « faire du bruit pour le Congo indivisible ».
Lancé à 19 h à l'Accor Arena, le concert a réellement démarré à mesure que les spectateurs arrivaient, nombre d'entre eux, drapeau tricolore national à la main. Jusqu'à 11 000 personnes étaient attendues, selon les organisateurs.
Deux mois avant ce concert, six poids lourds du rap francophone (Damso, Ninho, Gradur...) ont sorti "Free Congo", chanson pour dénoncer un conflit qu'ils estiment passé sous silence.
Au total, une trentaine d'artistes se sont succédé le temps d'un ou plusieurs morceaux : le spécialiste de la drill francophone Gazo, le pilier Youssoupha accompagné de Singuila, mais aussi le musicien et pasteur congolais Moïse Mbiye qui a demandé que « la richesse du Congo profite aux Congolais ».
« On n'a pas besoin de la guerre pour répandre la paix tous ensemble », a déclaré le joueur de kora malien Sidiki Diabaté.
Les artistes se produisaient sans cachet, selon les organisateurs.
La récolte des fonds était initialement opérée par l'Unicef, mais celle-ci s'est retirée lors de la polémique sur la date initiale. Le concert était prévu le 7 avril, qui correspond à la journée internationale de commémoration du génocide des Tutsi, ayant fait au moins 800 000 morts en 1994 au Rwanda.
Des associations rwandaises avaient exigé un report, vivant ce concert comme un affront. Les organisateurs avaient évoqué "une date choisie malencontreusement".
En République démocratique du Congo, l’est du pays est toujours en proie aux conflits armés. Cette situation a d’importantes répercussions sur les civils.
Selon la dernière note du bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH), la situation des droits humains s’est dégradée dans le pays au mois de février 2025.
Plus de 1 200 victimes de violations et d’atteintes aux droits humains dans l’ensemble du pays. Ce nombre est en augmentation de 47% par rapport à janvier 2025. Comme pour les périodes antérieures, ce sont dans les provinces en conflit qu’il y a le plus de signalements : le Nord-Kivu, l’Ituri, mais aussi le Sud-Kivu où le nombre de violations a augmenté de 158% en tout juste un mois.
Le BCNUDH alerte particulièrement sur la flambée des violences basées sur le genre : + 152%. Même inquiétude concernant les violations affectant les enfants : + 137% par rapport au moins de janvier. Là encore, c’est dans les zones de guerre que l’on retrouve le plus de cas. La situation s’est aussi dégradée dans les provinces qui ne sont pas en conflit. Près de 45 violations et atteintes aux droits de l’homme ont été enregistrées par les Nations unies dans le reste de la RDC, soit une augmentation de 28%.
Pour le bureau conjoint, cette donnée reflète « l’augmentation des arrestations et détentions arbitraires dans les provinces du Haut-Katanga et de Kinshasa dans le contexte de l’expansion du M23. »
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville
Photos : DR