Elle est Simbou Vili. Sa voix se veut singulière pour exprimer des sonorités musicales qui s’égrènent tel une ode à la nature. Cette nature chargée d’histoire et qui s’élève altière, entre la forêt du Mayombe et les plages de Pointe-Noire, meuble ses créations multiples, notamment un livre de belle facture, le roman « La Légende de Kumba ». Simbou Vili s’est prêtée à nos questions.
Les Échos du Congo-Brazzaville : On vous connaît musicienne, plasticienne et peintre, on vous découvre auteure… La voix et le pinceau ne vous suffisaient-ils pas ?
Simbou Vili : Il est des choses que la voix et le pinceau seuls ne peuvent retranscrire. Parler de l’accès à soi, par exemple, nécessite que l’on passe par la plume, pour ne serait-ce que décliner les différentes étapes du cheminement personnel…
LECB : Vous faites-là allusion à l’initiation, un motif qui caractérise votre œuvre…
Simbou Vili : Effectivement, convoquant souvent l’imaginaire Kongo-Vili, les thèmes de l’oralité et des traditions sont récurrents dans mon œuvre, je ne m’en cache pas. Mais la connaissance de soi n’est pas que l’apanage d’une culture, aussi millénaire et structurée soit-elle ! Elle est universelle. De fait, comme partout ailleurs, cet exercice noble s’apparente à une odyssée, et il passe obligatoirement par des étapes, des péripéties devrai-je dire, et cela exige du courage, de la détermination et de la force.
Si le savoir découle de l’éducation ou de la transmission, la connaissance, elle, vient de notre volonté à percevoir le mystère en nous. C’est pourquoi je rapporte la légende de cette jeune femme Kumba, prédisposée à aller à sa propre découverte.
En fin de compte, l’héroïsme, le vrai, c’est la connaissance de soi ! De la verticalité découle l’horizontalité, je veux dire que tant qu’on n’est pas en harmonie avec soi-même, tant qu’on ne descend pas dans la grotte de son inconscient et subconscient, on ne peut prétendre à l’altérité.
LECB : Pourquoi avoir fait le choix d’une femme plutôt que d’un homme ?
Simbou Vili : (Rires) J’ai beaucoup dessiné et chanté la femme africaine en général et congolaise en particulier, alors je ne pouvais pas déroger à ce qui me tient à cœur. D’ailleurs, je ne suis pas la seule à faire d’elle la détentrice du savoir ou à la doter de qualités morales susceptibles de l’accompagner son cheminement.
Je crois savoir que dans « Le Banquet » de Platon, c’est la femme qui détient le savoir ! Dans « La flûte enchantée » de Mozart, Tamino est sauvé par trois femmes, lesquelles, courageuses, tuent le monstre qui le poursuivait.
Propos recueillis par la Rédaction