Congo – Désistement à organiser la CAN féminine : Le fond et la forme de la lettre du ministre à la CAF suscitent la polémique

Dans une correspondance adressée au président de la confédération africaine de football, le ministre des Sports informe du désistement du Congo, à organiser la CAN féminine, au regard du cahier de charges et des tensions de trésorerie qu’accuse le pays. Dans le fond et la forme, voire les termes usités, cette lettre qui sort des standards de la correspondance administrative, suscite une vive polémique dans l’opinion.

Depuis quelques semaines, les congolais sont de plus en plus regardant sur les correspondances administratives, surtout celles émanant des départements ministériels où hélas, les secrétaires qui se sont affranchis du sacrosaint principe de ‘’taire le secret’’ comme ce fut le cas naguère, n’hésitent plus à diffuser des documents officiels sur les réseaux sociaux. Sans doute en tirent-ils un malin plaisir, en exposant ainsi leurs ministres ou autres directeurs, qui non plus, se révèlent pas du tout regardant, avant de signer.

À propos de cette lettre du ministre des Sports, outre le verbatim et l’agencement des phrases, quasi écoliers, c’est l’entorse même causée à la correspondance administrative et aux règles du droit des relations internationales qui surtout, posent problèmes.

Et les réactions de ‘’censure’’ s’enchaînent. « Dans une république, qui doit réellement engager la responsabilité du gouvernement? Cette question, pourtant simple, mérite notre attention maintenant. Voici comment : Le ministre des Sports vient de publier l’arrêté qui annonce que le Congo ne va plus organiser la phase finale de la 12ème édition de la coupe d’Afrique des nations féminine de football. J’estime que c’est une bonne décision. Parce que les cordons de la bourse du pays sont très tendus. Belle décision, oui, mais qui a véritablement le pouvoir régalien de la prendre ? Un ministre peut-il engager le gouvernement sans en avoir reçu mandant ? Lorsque je quittais mon village Etoumbi pour Brazzaville, mon défunt père , qui était Chef coutumier, me disait qu’en ville, là-bas, c’est le Premier ministre qui est le Chef du gouvernement et c’est à ce titre qu’il peut engager la responsabilité de son gouvernement, tout en informant le Pdt de la république, surtout lorsqu’il s’agit des questions liées aux relations internationales. » Peut-on lire, entre autres réactions.

Et à d’autres, plus pointilleux de s’interroger : « si la personne qui a initié la correspondance a une réelle maitrise des us administratifs, notamment dans l’usage des termes pour telle ou telle autre personnalité, surtout étrangère, en rapport avec le rang ou le grade ». Et d’en déduire un fait : « le niveau des secrétaires et autres commis de l’État se déprécie dangereusement et cela tue l’administration. Mais, à qui la faute ? »

D’autres encore imputent « la responsabilité au directeur de cabinet qui a fait signer au ministre une correspondance inappropriée, tant dans le fond que la forme. C’est une faute administrative. Et le ministre, il doit au moins lire avant de signer ».

Une fois de plus, une correspondance administrative suscite une saine polémique, même si ce n’est qu’un détail, dans le vaste fonctionnement de l’administration. Un détail qui hélas est aussi le symbole d’une administration en perte de vitesse et qu’il faut reformer, car elle est la vitrine de la mise en œuvre des missions de l’État et aussi une vision du savoir-être et du savoir-faire congolais. Ne dit-on pas que « la correspondance est le miroir de la personnalité ? »

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville