Congo : Piège à gibier, une très bonne parade pour faire face au chômage et à la crise au village Moukoubidi

«Mais comment vas-tu faire avec la crise ? ». Quel chômeur n’a jamais entendu cette phrase dans la bouche de son entourage ? Beaucoup de jeunes du village Moukoubidi, à un jet de pierre de la ville de Mayoko dans le Niari (sud), ont peur en cette période difficile. Ils ont aussi l’impression d’être oubliés par les pouvoirs publics. Le chômage, c’est comme de grandes montagnes russes. Un jour, c’est l’euphorie à l’idée que tout va marcher, et le lendemain, la panique à l’idée de ne jamais retrouver de travail. Plusieurs jeunes étranglés par le chômage ont trouvé certaines façons "primitives" de remplir l'assiette pour le dîner : le piège à gibier ou « Touli » en langue du terroir.

Désormais, nombreux comptent uniquement sur ces pièges pour se nourrir, pour subvenir à d’autres besoins vitaux et en plaçant de multiples dans la forêt. Il arrive qu'ils doivent se passer de nourriture pendant plusieurs jours, s'ils ont suffisamment de malchance pour ne rien attraper avec leurs dispositifs.

Cela étant dit, cette technique a fonctionné pendant très longtemps, et fonctionnera encore dans la contrée. Si vous avez le temps, la patience et la chance de croiser la route d'un animal errant, les pièges peuvent être utilisés pour l'attraper en dehors d’un fusil de chasse, et il est toujours sage d'avoir de telles connaissances dans son bagage au cas où.

Un bon endroit pour positionner ce piège (et beaucoup d'autres en fait) est sur un lieu de passage. Vous avez probablement parcouru des centaines d'entre eux si vous avez passé du temps dans les bois.

L'astuce consiste à examiner très bien le sol, et l'on peut voir assez facilement les sentiers pris par les animaux. Placez ce piège dans une courbe sur la piste et couvrez-le autant que possible avec des feuilles pour le camoufler. De chaque côté du piège, érigez des barrières faites de branches mortes, de bâtons et de feuilles que vous disposerez en forme d’entonnoir pour amener le gibier vers le piège.

Il y a deux choses principales à retenir en ce qui concerne ce piège. La première est qu'il faut choisir un arbre qui soit suffisamment élastique pour qu'il se rabatte rapidement dans sa position originelle, actionnant ainsi le piège. Cela peut être difficile à faire, suivant l'environnement dans lequel on se trouve. La deuxième chose à considérer est que la branche soit assez forte pour supporter le genre d'animal que l'on a dans l'idée d'attraper.

Disons que vous voulez prendre une antilope cheval, un sanglier ou un buffle. Dans ce cas, vous feriez mieux de choisir une branche plutôt costaude et vous assurer que le cordage choisi supportera le poids de l'animal - sachant que celui-ci essaiera désespérément de s'enfuir si l'impact de la branche qui fouette n'a pas pris soin de lui assez rapidement.

Assurez-vous aussi que la corde soit attachée à la branche de manière à ce qu'elle ne puisse pas se défaire facilement. Si l'animal parvient à rester sur ses pieds, il va tirer sur la corde. Si celle-ci n'est pas tendue et/ou enroulée autour de quelque chose qui l'empêche de glisser, vous pourriez avoir donné à une gazelle une nouvelle cravate. Cela tuera probablement votre proie, mais plus tard, et vous ne serez plus là pour profiter de ses qualités nutritives, sans compter que vous pourriez perdre votre matériel de piégeage dans l'aventure.

En attendant donc que ces jeunes trouvent d’autres opportunités pour mieux vivre en toute confiance et être à l'abri du besoin et de la peur, les pièges à gibier sont désormais à la mode à Moukoubidi et ses environs.

Jack de MAÏSSA / Les Echos du Congo Brazzaville