La Morgue de Makélékélé : Les levées de corps en petits comités provoquent la colère des parents éprouvés

La morgue de l'hôpital marque d’abord une volonté de promouvoir la notion de service : Il s'agit d'offrir aux familles en situation de deuil le meilleur accueil, le meilleur accompagnement possible et les soins apportés aux défunts. Aujourd’hui, être affecté à la Morgue municipale de Makélékélé, dans le premier arrondissement de Brazzaville, devient une punition, une torture pour les familles cruellement éprouvées. Faute d’espace, dix personnes par famille sont désormais autorisées à accéder dans l’enceinte de la morgue. Les autres membres de la famille, peu importe le lien d’affinité avec le défunt, sont obligés d’attendre tout le long de l’avenue Mabiala Manganga. Les risques d'accidents sont nombreux dans une ville où les piétons n’ont jamais la priorité et où l’absence de barrières le long des axes routiers de la capitale congolaise pose également problème.

La levée d’un corps désigne le déplacement du corps d’un défunt à la suite de sa mise en bière. Les intervenants effectuant cette action ont pour mission de déposer le cercueil dans le corbillard, afin de le transporter vers le lieu où se tiendra la cérémonie d’adieu puis jusqu’au cimetière.

Chaque âme est visée par cette tragédie. La mort nous concerne tous. Pourtant, la majorité des gens souhaitent l’oublier (ce qui est compréhensible).

À contrario, certaines personnes en ont fait leur métier. Afin d’accompagner les hommes et femmes ayant fait se grand saut vers l’au-delà, les employés de la morgue municipale de Makélékélé ne s’attellent plus à rendre ce départ plus facile pour les familles. L’atmosphère qui règne pose problème.

L’étape de l’exposition du corps en bière cercueil ouvert à la famille et aux proches constitue un passage primordial. Le cérémonial peut être pour les proches du défunt, l’occasion de se rapprocher tout en laissant parler leur sincérité et en mettant de côté leurs différends. Il est important pour le proche de comprendre que c’est la toute dernière fois qu’il verra son bien-aimé. C’est impossible aujourd’hui à la morgue municipale de Makélékélé.

C’est le chaos autour de la morgue du premier arrondissement de Brazzaville.

Chaos et frustrations : on note des tentatives d'intrusion des familles éprouvées, prêtes à escalader le mur pour assister à la levée du corps. Cette pagaille frustre les familles éprouvées.

«Nous sommes extrêmement déçus des problèmes d'entrée dans l’enceinte de la morgue municipale de Makélékélé avec ce fameux protocole qui impose dix personnes par famille. Les familles éprouvées ne devraient pas avoir à vivre les scènes ignobles dont nous avons été témoins ce samedi », nous a confié un membre d’une famille éprouvée venu pour la levée du corps de son neveu.

Il y a quelques années, suite à la rénovation de la morgue de Makélékélé, le maire Maurel Kihounzou qui a battu le record de longévité des maires d’arrondissement du Congo en ce 21e siècle, s’écriait que cela allait « améliorer les conditions de vie des morts ».

Désormais, le nouveau maire Edgar Bassoukissa devra s’atteler à améliorer dans l’urgence, les conditions de vie des vivants, détériorées par les « conditions de vie des morts ».

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville