Les cantines scolaires : Des questions sur le contrôle de la qualité des denrées alimentaires reçues et distribuées dans nos écoles

Les cantines scolaires ont été lancées en 2001 au Congo. Aujourd’hui, plusieurs parents d’élèves et observateurs de notre système éducatif sortent des sulfateuses contre les initiateurs et se posent aussi des questions sur les opérations de contrôle de la qualité des denrées alimentaires reçues et distribuées dans nos écoles, leur mode de préparation. Des missions spécifiques sont-elles organisées dans les écoles avec les diététiciens et nutritionnistes pour analyser les impacts auprès des élèves consommateurs ? Dans certains établissements scolaires de Brazzaville par exemple, il y a des enfants qui connaissent une indigestion à cause de ce qu'ils consomment à l'école parce que mal préparés, selon plusieurs témoignages.

Dans une série de messages, une mère d’enfants à Brazzaville, attaque avec force les décideurs.

La raison ? Des assiettes à la cantine scolaire peu garnies, selon elle. Des enfants qui mangent sans se laver les mains avant et après les repas.

Le repas à la cantine au Congo-Brazzaville véhicule souvent une image négative et cristallise les mécontentements : repas froids et de mauvaise qualité, nuisances sonores, manque de temps, dames de cantine virulentes,…

La cantine scolaire peine à se départir de cette représentation encore présente dans l’imaginaire collectif d’un espace bruyant, insalubre et anarchique.

L’environnement dans lequel les enfants prennent leur repas influence leur consommation alimentaire et leur satisfaction de la restauration scolaire. Il est donc primordial que les lieux qui accueillent les enfants soient agréables et incitent à la détente et à la convivialité.

Cependant, 90% des élèves de primaire estiment que les salles de classes transformées en cantines scolaires sont trop bruyantes et ils mangent entassés comme des sardines dans des boîtes.

La cantine scolaire au Congo-Brazzaville n’a pas fini de s’améliorer. Près des trois quarts des enfants interrogés se sont dit gênés par les bruits. Pire ils sont nourris 4 fois par semaine aux haricots.

Huit heures par jour, voire plus si on tient compte du temps des horribles cantines, chaque enfant est condamné à vivre dans un espace restreint en constante promiscuité avec vingt à trente de ses camarades.

Dans l’indifférence absolue, aussi bien de ceux qui les « enseignent », que de ceux qui les y envoient, que de ceux qui prétendent se pencher doctement sur leur sort.

Dans le même temps, les citoyens s’offusquent que des prisonniers ne puissent avoir de cellules personnelles. Et pourtant la plupart de ces prisonniers sont mieux lotis que la totalité des enfants scolarisés au Congo-Brazzaville.

La promiscuité dans les cantines scolaires est en plus concentrationnaire. Non seulement les enfants ne peuvent jamais avoir un moment tranquille seul, mais ils sont confrontés en permanence avec d’autres dans une proximité immédiate (les voisins de tables alignées) sans avoir même la possibilité de choisir, d’y échapper.

Promiscuité physique. Promiscuité psychologique. Promiscuité sociale. Et promiscuité qui ne génère même pas un embryon d'organisation sociale, celle-ci n'étant en général que les règles imposées coercitivement du fait du prince, c'est-à-dire du maître ou du directeur de l’école.

Si dans les prisons le manque d’espace et la promiscuité font au moins l’objet de regrets, semblent avoir surtout des causes financières, rien de tout cela à l’école ou dans les cantines scolaires. A l'école, c'est voulu. Il faut que le « maître » ait tout le monde sous le regard, dans la permanence absolue. Un maître doit évidemment maîtriser. Et surtout surveiller. D’ailleurs, s’il arrive quoi que ce soit hors de son regard sa responsabilité sera mise en cause et il pourra même être condamné !

Cet état de fait n’est ni perçu, ni pris en compte, ne fait l’objet d’aucun constat et, lorsque l’on construit une école neuve, rien n’est fait pour la rendre plus vivable. Il n’y a que des espaces collectifs, ni coin où l’on pourrait échapper aux autres, ni espaces plus intimes… en dehors des WC, et encore, quand on a le droit d’y aller et s’ils ne sont pas dans un état rebutant.

Finalement, il vaut bien mieux passer 20 ans dans une prison modèle que dans une école, on a plus de chances d’en ressortir en meilleur état.

N’importe qui ayant déjà mis un pied dans un réfectoire d’école vous le confirmera : le niveau sonore peut parfois s’avérer excessif, en particulier à l’heure des repas.

Alors, la protection de la santé des enfants et du personnel doit être le premier enjeu d’une action de prévention du bruit mais d’autres enjeux coexistent : l’amélioration de la qualité du temps consacré à l’alimentation, la qualité de vie de l’enfant à l’école.

Pour protéger le bien-être des enfants, favoriser une bonne nutrition, améliorer l'apprentissage, inciter les parents à envoyer leurs enfants à l'école, offrir des opportunités commerciales aux petits producteurs locaux, construisons alors des bonnes structures à visage humain.

Le Congo a initié les cantines scolaires qui permettent aux élèves du primaire, évoluant notamment en zones rurales, de manger à l’école des repas équilibrés entre les heures des cours.

Les autorités congolaises et leurs partenaires, les gouvernements américain et japonais, ainsi que le Programme alimentaire mondial (PAM), sont convaincus que cette politique attire de plus en plus les élèves et les maintient à l’école dans un pays qui veut améliorer davantage son taux d’alphabétisation.

Plus de 16 000 élèves de 408 écoles primaires de sept départements du pays mangent à l’école.

Il s’agit des départements de la Bouenza, Lékoumou, Pool, Plateaux, Cuvette, Likouala et la Sangha.

Jean-Jacques DOUNDA / Les Echos du Congo-Brazzaville