Vague de mariages pendant la saison sèche : vers une année record au Congo-Brazzaville

Ah la saison sèche ! Elle nous fait vivre des moments agréables. Cette période est propice aux mariages coutumiers, religieux et civils, occasion des retrouvailles et de culture. Au Congo-Brazzaville, l’on se demande si tous les célibataires de Brazzaville et ses environs ne se sont pas convenus de se marier. Selon les constats, depuis début juin, le nombre de couple qui passent devant le maire accroit de façon exponentielle, et cela depuis ces dernières décennies.

C’est bien connu, la saison sèche est la saison des mariages. Pourquoi ? Un argument semble évident : la météo ! Certes, votre grand-mère vous dira que, ma petite, il n’y a plus de saisons aujourd’hui.

Force est pourtant de constater qu’un mariage en octobre, en décembre, en mars et mai ne présentera pas les mêmes conditions météorologiques qu’un mariage mi-juillet. La pluie, elle, ne se maîtrise pas (hélas) : elle peut s’inviter à n’importe quel mois de l’année, et même de façon particulièrement violente en saison sèche. Moins de risques, en juillet, août ou septembre, d’être trempée dans votre robe bustier.

Cette année se présente au Congo comme celle de tous les records au niveau des mariages tant coutumiers que civils à la lumière du nombre croissant des célébrations observées depuis juin dernier à travers le territoire national.

La semaine dernière, la matinée s’annonce ensoleillée. Dans les jardins de l’Hôtel de ville de Brazzaville, des hôtesses moulées dans des jupes uniformisées accueillent les invités et peaufinent le scénario de l’arrivée des futurs mariés.

Dans le parking, des dizaines de véhicules de toutes marques décorés de ruban blanc, rose ou bleu, prennent position.

A l’intérieur de la salle des fêtes, plusieurs femmes se distinguent par leur coiffure des grands jours, relevés par des chapeaux. A leur côté, les époux, eux-aussi endimanchés, échangent de chaudes poignées de main.

La cérémonie commence devant les témoins des conjoints et une assistance qui applaudit inlassablement après le « oui » prononcé par les jeunes mariés, Sylvain Biyokala et son épouse Nupcia Hilarie Kouvoukila Biyokala.

La veille, tradition oblige, le couple avait reçu l’onction des deux familles lors d’un mariage coutumier, de plus en plus célébré, à travers le pays.

Mais, cette année, selon les témoignages, il est susceptible que l’on s’achemine vers une cuvée exceptionnelle. Les deux formes d’union, légale ou traditionnelle, suscitent un réel engouement.

Phénomène visible dans les rues embouteillées de Brazzaville où circulent des cortèges nuptiaux très bruyants, sous escorte de la police.

«Le mariage reprend ses droits dans nos familles qui devenaient dangereusement monoparentales », se réjouit Arthur D. bien instruit sur « ce mouvement » dont il dit qu’il est « une chance pour la société congolaise ».

«Aujourd’hui, ne laissons pas les jeunes filles et garçons dans les bas-fonds alors qu’il faudrait oser leur proposer les sommets. Éduquer, c’est tirer vers le haut. Et non vers le bas. C’est pour vous dire que nous parents, nous devons expliquer à nos enfants le sens du mariage et notamment son caractère sacré, fondement de la famille », a-t- il poursuivi.

Arthur D. s’émerveille devant le « retour en force » de ses compatriotes aux valeurs traditionnelles, estime que ce regain d’intérêt découle de l’importance donnée par les plus hautes autorités au mariage coutumier qui devrait être légalisé et mieux encadré.

Auparavant, des orateurs, maniant la rhétorique, se livraient à des débats entrecoupés de conciliabules, de paiement de pénalités pour retard, absence d’un symbole fort …

L’un des grands moments demeure, sans conteste, la remise de la dot, sorte de présent, au montant varié, sous le regard des familles des conjoints, amis et connaissances.

Dans cet exercice, chacun y trouve son compte. Les retombées économiques sont réelles. Des tailleurs reçoivent, par vagues, des commandes au point d’en être débordés. Des traiteurs livrent des repas dans la limite des commandes. Les structures spécialisées dans la sonorisation font également recette. Les plus sollicitées sont celles qui louent chaises et tentes (VIP ou standards). A noter que les meilleurs artistes et autres humoristes s’arrachent à prix d’or afin d’agrémenter la fête.

Une adresse en direction des mouvements associatifs aussi bien laïcs que chrétiens ou musulmans aux fins de sensibiliser sur le mariage au moment où cette institution reprend du poil de la bête.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville