Mayoko gare : La Toussaint, une tradition toujours très présente

A Mayoko gare dans le Niari (sud), le jour de la Toussaint est toujours un moment particulier. Les cimetières reprennent vie. On honore la mémoire des disparus. Un jour très symbolique, même pour la famille Solange Nzila qui vient chaque 1er novembre au cimetière familial se recueillir sur la tombe de leur mère Germaine M. morte en janvier 2013. Un moment propice pour raconter aux enfants les histoires familiales.

Pour la première fois au Congo-Brazzaville, il sera interdit cette année de se rendre sur la tombe d'un défunt en raison des chiffres inquiétants de propagation du Covid-19 dans ce pays très majoritairement catholique.

Ce 1er novembre, les restrictions de déplacement ne s'appliqueront pas pour aller fleurir les tombes de proches, selon le gouvernement congolais.

Habituellement, des familles entières se retrouvent autour des tombes de leurs défunts.

De toutes les traditions au Congo-Brazzaville, c'est celle qui a su le mieux résister au temps. Car, la Toussaint n'a pas tant une portée religieuse, qu'une visée anthropologique. Elle a une double fonction : honorer et conjurer la mort.

En ce 1er novembre, jour où les vivants honorent les morts, beaucoup de parents accusent encore la douleur due à la séparation d’avec l’Être cher, comme si l’on rouvrait une plaie qui tarde à se cicatriser. Et si cette attitude attristait davantage l’âme de nos chers disparus dont « seul le corps est mort » ?

Puissions-nous méditer ce texte souvent attribué à tort à Charles Péguy, comme un message d'outre-tombe.

''La mort n'est rien, je suis seulement passé, dans la pièce à côté.

Je suis moi. Vous êtes vous.

Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours.

Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné, parlez-moi comme vous l'avez toujours fait.

N'employez pas un ton différent, ne prenez pas un air solennel ou triste.

Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.

Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.

Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l'a toujours été, sans emphase d'aucune sorte, sans une trace d'ombre.

La vie signifie tout ce qu'elle a toujours été.

Le fil n'est pas coupé.

Pourquoi serais-je hors de vos pensées, simplement parce que je suis hors de votre vue ?

Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.''

Jean-Jacques DOUNDA / Les Echos du Congo-Brazzaville