Congo – ‘’Corps en dépôt’’ : Le mort n’était pas mort !

Une scène surréaliste, défraie la chronique depuis le week-end dernier à Brazzaville. Un corps en dépôt dont le décès avait été constaté à l’hôpital de Talangaï et transféré à la morgue municipale est revenu à la vie. Le constat de son décès fait au jugé était bien faux. L’homme s’était simplement évanoui.

Une course vers la vie pour ce pseudo cadavre venu du centre hospitalier de Talangaï pour être mis en conservation à la morgue municipale et dont les parents, en désespoir de cause, attendaient que se libère un casier mortuaire, pour y déposer leur ‘’défunt’’ et accomplir les formalités de dépôt de corps pour repartir avec le numéro du casier, pièce indispensable pour les obsèques. L’homme n’y sera pas déposé car entre-temps, il est revenu à la vie.

Le récit se passe de commentaires : « On a emmené un malade à l’hôpital où une fois arrivé au triage, le corps médical examine le patient (sans le toucher) et conclu à un décès de ce dernier, avant son arrivée en ces lieux. La mère du patient qui était au chevet du malade a contesté cette version en affirmant que son fils n’était qu’évanoui à leur arrivée. Malheureusement pour elle, les médecins ont maintenu leur version et constaté le décès en écrivant sur une feuille l’heure d’arrivée, l’heure du constat, le nom du décédé….et ont épinglé le tout sur la chemise du ''cadavre'' pour tout acheminé à la morgue. Arrivé à la morgue, il n’y avait plus de casiers libres. Les parents auraient donc déposé le cadavre à même le sol en attendant de trouver un casier libre. Et c’est à ce moment que ce serait produit un fait surréaliste. Le prétendu mort a levé son bras et commençait à remuer son corps aux grands cris de sa mère et ceux qui l’accompagnaient jusqu’à sortir de cette salle mortuaire, courant vers le triage du CHU, accompagné d’une foule hurlante.»

Combien sont-elles ces personnes hâtivement déclarées décédées, mais qui en réalité font peut-être un arrêt cardiaque ou entrent dans un coma. Une seule pression au bras ou un regard sur les pupilles dilatées suffit à déclarer le décès. Pas d’examens poussés, ni de temps d’attente avant le dépôt à la morgue, comme il est d’usage dans certains pays. Sans doute, la vie des patients prétendument décédés est-elle si banale qu’elle ne vaut pas que l’on s’y penche davantage et le cas de cet homme, un miraculé en somme, a de quoi interpeller sur le professionnalisme de certains médecins des triages, encore que certains s’arrogent ce titre qu’ils n’ont pas, dans les hôpitaux congolais.

Ce fait éminemment grave et qui s’est produit en plein jours, devrait conduire la hiérarchie à une demande d’explications du chef de service du triage de l’hôpital de Talangaï, sur ces manquements, à défaut pour le procureur, saisi par la ‘’clameur publique’’, d’ouvrir une information judiciaire pour manquement au devoir et mise en danger de la vie d’autrui. C’est aussi cela, l’État de droit et la lutte contre les antivaleurs. Hélas… Je me tais !

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville