Brazzaville : Le phénomène « Bébé noir » de nouveau dans les différents quartiers de Poto-Poto

Après environ deux ans de relative accalmie, le phénomène « Bébé noir » ou « Kuluna » est de nouveau réapparu dans les différents quartiers de Poto-Poto. La population doute de la capacité de la force publique, notamment de la police, à éradiquer ce phénomène qui cause des malheurs au sein des familles au quotidien.

Jean de Dieu Kourissa, le député de la première circonscription électorale du troisième arrondissement de Brazzaville, au cours de sa descente parlementaire qui s’est déroulée à la maison commune, a reconnu que l’Etat devrait jouer son rôle consistant à protéger et sécuriser la population.

Cependant, il a appelé les parents à se lever contre ce phénomène occasionné par leurs enfants. «J’ai demandé aux femmes et hommes de ma circonscription de se lever pour combattre ce phénomène par l’éducation d’abord, parce que la police fait la répression.

"En général, quand on interpelle l’enfant, c’est la maman qui appelle le député pour aller intervenir", a déclaré Jean de Dieu Kourissa.

Selon lui, chacun dorénavant devrait assurer sa responsabilité parentale pour permettre au troisième arrondissement de recouvrer sa place d’antan, celle de havre de paix, de quartier cosmopolite où règne la force du vivre-ensemble.

Pour gagner ce pari de la sécurité, Jean de Dieu Kourissa compte sur ses collègues députés de Poto-Poto, l’administrateur-maire ainsi que les conseillers municipaux en vue d'organiser une marche de sensibilisation dans les rues.

«Bébés noirs », ce terme est le symbole d’une violence urbaine morbide équivalente à celle accouchée, voici peu, par les kuluna, autres enfants terribles de la délinquance urbaine exportée par Kinshasa (RDC). Tous ceux qui ont eu affaire à ces féroces lionceaux humains dont l’âge varie entre 15 et 30 ans, ne sont près de l’oublier mais se murent dans un éloquent silence.

On parle d’un niveau d’attaque bestial ne faisant pas de quartier. Les victimes s’en sortent délestées de leurs biens avec, à la clef, de profondes balafres au visage, des bras amputées quand elles n’y laissent pas leur vie.

Les Congolais avec leur manie de l’oxymore sont étonnés qu’on puisse être adolescent et se comporter en boucher ! Les « Bébés Noirs », arborent des cagoules noires quand ils passent à l’attaque, preuve que ceux qui sont attaqués sont des connaissances qui pourraient les reconnaître.

Mais, au lieu de laisser la police, seule, faire face à ces égarés, il ne serait pas superflu que le gouvernement congolais réfléchisse sur l’ouverture des centres de rééducation et de formation, dans les trois grandes communes que sont Brazzaville, Dolisie et Pointe-Noire, afin de donner à ces enfants perdus, l’espoir de retrouver les bons chemins de notre société.

Il y va de la sécurité publique.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville